15/02/2008

Hormone contaminée : à la recherche des responsables

110 personnes sont mortes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, contaminées par des hormones de croissance préparées à partir d'hypophyses et administrées dans les années 1980 à des enfants de petite taille.

Le procès de l'hormone de croissance contaminée a débuté le 6 février au tribunal de grande instance (TGI) de Paris, dans une salle de 500 places construite spécialement pour ce procès.

Le procès va examiner le « système France Hypophyse », les modalités de collecte des hypophyses et les modalités d'extraction de l'hormone à partir des hypophyses, la préparation et la distribution du produit, ainsi que les connaissances sur la maladie de Creutzfeldt-Jakob à l'époque des faits.

Hormones recombinantes. L'association France Hypophyse s'occupait de la collecte des hypophyses à partir desquelles était extraite l'hormone. Depuis 1987-1988, les hormones de croissance utilisées sont recombinantes, c'est-à-dire produites par génie génétique, et sans aucun risque. Auparavant, entre 1973 et 1988, elles étaient d'origine extractive, c'est-à-dire purifiées à partir d'hypophyses prélevées sur des personnes décédées.

En 1992, un rapport de l’Igas a mis en évidence les carences du système mis en place pour produire l'hormone de croissance extractive.

« Soulagement ». Le procès est « un soulagement », pour l'association « Maladie de Creutzfeldt-Jakob par hormone de croissance contaminée ». « On a cru que jamais ce procès ne se tiendrait », raconte Francine Delbrel, qui souhaite que le procès aboutisse à « des sanctions, et qui ne soient pas symboliques ».

Jeanne Goerrian, présidente de l'association des victimes de l'hormone de croissance, attend surtout de ce procès qu’il « explique pourquoi ce drame est arrivé, qu'on en tire une grande leçon. »

Le 13 février, une spécialiste des prions a estimé que dès les années 1970, des informations existaient pour inciter à la prudence, et qu'il y a eu « négligence » dans les pratiques de collecte des hypophyses destinées à préparer l'hormone.

Le Tribunal devra déterminer si Jean-Claude Job, président de France Hypophyse, Henri Cerceau, ex-directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux, et Marc Mollet, employé de la PCH, ainsi qu'Élisabeth Mugnier peuvent être tenus responsables d’homicide involontaire et de tromperie aggravée.

Corruption. Fernand Dray, responsable à l'Institut Pasteur du laboratoire qui faisait l'extraction de l'hormone, est également accusé de complicité et recel de prise illégale d'intérêt, exercice illégal de la pharmacie, importation et exportation illégale de médicaments et complicité de ces délits à l'étranger, et corruption et recel de corruption.

Jacques Dangoumeau, ancien directeur de la pharmacie et du médicament (DPhM), et Micheline Gourmelen, médecin prescripteur de l'hormone, devront répondre de l’accusation d’homicide involontaire.

A.L.G. (Avec APM)

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