En cette période de Covid, l’hygiène des mains est plus que jamais objet de rigueur. L’audit national sur la friction des mains, mené par la Matis, montre des pistes d’amélioration possibles dans la pratique des personnels soignants vis-à-vis des patients.
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’hygiène des mains du 5 mai, le ministère de la Santé, Santé publique France et la Mission d’appui transversal à la prévention des infections associées aux soins (Matis)(1) proposent une campagne intitulée « Les professionnels de santé s’engagent pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins ». Un slogan qui a toute son importance si l’on s’attache à l’analyse des données 2019, saisies dans le cadre de l’outil d’évaluation Pulpe’friction mis en place par la Matis à destination des établissements de santé et médico-sociaux. Il s’agit, à travers cet outil, d’évaluer les pratiques en milieu de soins mais également les freins et éléments socio-psychologiques, afin de permettre aux équipes d’adapter leurs choix d’actions. La méthodologie met en scène un enquêteur chargé de recueillir les pratiques déclarées par les professionnels de santé via un court entretien individuel (moins de 10 questions) de 5 à 10 minutes. D’après les données rendues publiques mi-mars, ce sont 16 285 professionnels de santé (dont 1 657 médicaux) et 5 299 patients/résidents qui ont pu s’exprimer via cet outil(2).
L’hygiène des mains moins bien observée « avant de toucher le patient »Toutes situations confondues, les soignants déclarent réaliser une hygiène des mains avec une solution hydroalcoolique dans 80 % des cas, en moyenne. La meilleure observance a lieu avant la pose d’un dispositif invasif (94 %), sachant que la friction après avoir touché le patient est également bien réalisée (84 % d’observance déclarée, importance donnée 92 %). Deux situations affichent cependant un score inférieur à 80 % : avant de toucher le patient (71 % de frictions déclarées, importance donnée 87 %) et après avoir touché l’environnement proche du patient (76 % de frictions déclarées, importance donnée 87 %). Par ailleurs, les observances déclarées étaient similaires entre médicaux et paramédicaux, sauf pour la situation hygiène des mains « avant de toucher le patient », où elle était supérieure chez les médicaux (74 % vs 71 %). Pour cette même situation, l’observance déclarée est aussi supérieure dans les établissements de santé par comparaison avec les établissements médico-sociaux (71 % vs 66 %). On note également des variations selon les spécialités. Celles déclarant la meilleure observance de friction « avant de toucher le patient » sont les maladies infectieuses (78 %), la gynécologie-obstétrique (75 %), les services médicotechniques (75 %) et la réanimation/soins intensifs (75 %). Les observances déclarées pour cette même situation sont de l’ordre de 66 % pour les urgences et les services médico-sociaux.
Pour les professionnels répondants, le caractère inconfortable du produit (cité par 37 % des professionnels), la crainte de sa nocivité (37 %) et le fait de considérer les gestes professionnels comme non à risque (34 %) sont un frein actuel ou potentiel à la réalisation de la friction.
Côté patientsLes patients/résidents qui ont participé à l’audit ont offert un éclairage nouveau sur l’expérience patient en matière de prévention des infections par l’hygiène des mains. La fréquence moyenne à laquelle ils ont déclaré avoir vu les soignants réaliser une friction avant un examen ou un soin est de 76 %. Et ils sont 36 % à déclarer avoir reçu une information sur l’hygiène des mains. Les résultats de l’audit pour 2020, en cours d’analyse, présenteront des éléments intéressants dans le contexte de la crise sanitaire.
Laure Martin
1. La Matis est portée par les Centres d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (Cepias) de Nouvelle-Aquitaine et de Guadeloupe.
2. Les résultats de l’audit sont disponibles ici
ALLER PLUS LOIN
Participer à la campagne « Les professionnels de santé s’engagent pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins » lancée le ministère de la Santé, Santé publique France et la Mission d’appui transversal à la prévention des infections associées aux soins (Matis). Les professionnels de santé ont la possibilité de mener trois actions : « dégager au moins un axe d’amélioration en équipe », « valoriser l’équipe en interne en affichant un poster spécifique dans le service » et « valoriser l’équipe en externe en prenant une photo de l’équipe devant le poster ». Un formulaire dédié à la campagne est à remplir et à envoyer avant le 31 mai 2021, sur le site de Matis. Un tirage au sort, permettra à trois équipes d’être mises sur le devant de la scène : interview par Matis, relayée sur la chaîne YouTube du RéPias et affichage pendant un mois de leur photo sur la page d’accueil du site national preventioninfection.fr.
À DECOUVRIR
- Les nouvelles affiches Hygiène des Mains, conçues et testées à l'occasion de la boîte à outils Matis rappellant l’importance de la FHA dans la prévention des infections associées aux soins.
- Le RéPias (Réseau de prévention des infections associées aux soins) propose aux usagers de tester leurs connaissances avec un quiz Hygiène des mains
- Le Réseau des observateurs de l’hygiène des mains (#Rohm), issu d’une initiative citoyenne et bénévole, s’est donné pour mission d’observer et d’évaluer l’hygiène des mains à l’entrée des commerces alimentaires. Premiers résultats : 6 clients sur 10 ne se désinfectent pas les mains en entrant dans un commerce alimentaire. Lire l’article complet.
- « Lavez-vous les mains… ne serait-ce que pour le voisin.… », un tube préventif de 1958, interprété avec entrain par les Cangaçeiros et toujours d’actualité sur le compte Twitter de l’Ina.