Une récente étude américaine montre, chiffres à l’appui, que réduire le burn-out infirmier permettrait de diminuer significativement le nombre d’infections contractées à l’hôpital.
Les infections nosocomiales touchent environ 5 % des patients en France et concernent 1,4 million de personnes dans le monde, chaque jour*. Selon une étude publiée dans le numéro d’août du American journal of infection control, leur survenue serait au moins en partie liée à une autre plaie de l’hôpital : le burn-out des infirmiers, défini comme un mélange de fatigue émotionnelle et de détachement, associés au sentiment de ne pas bien faire son travail.
L’étude a concerné 161 établissements de l’état de Pennsylvanie (Etats-Unis). Trois types de données, datées de 2006, ont été mis en relation : le nombre de patients par infirmière (5,7, en moyenne), la prévalence du burn-out et le nombre d’infections nosocomiales recensées. Ainsi, alors que plus d’un tiers des 7 076 infirmières contactées ont fait état d’un burn-out, 16 patients sur 1000 ont contracté une infection nosocomiale : infection urinaire (8,7 sur 1 000), infection du site opératoire (4,2 sur 1 000), gastro-entérites (2,5 pour 1 000) et pneumonie (2,1 pour 1 000). L’étude établit une nette correlation : elle montre, par exemple, que pour chaque patient attribué en plus à une infirmière, apparaissent 1 351 infections urinaires supplémentaires. 10 % d’infirmières supplémentaires en burn-out dans un établissement équivaut à une infection urinaire et deux infections du site opératoire en plus sur 1 000 patients.
Une économie de plusieurs millions d’euros
A l’inverse, remarquent les chercheurs, « dans les hôpitaux où le burn-out est réduit de 30 %, il y a 4 006 infections urinaires et 2 233 infections du site opératoire en moins ». « En réduisant le burn-out infirmier, on peut améliorer le bien-être des soignantes et, par la même, la qualité des soins », conclut l’étude. Autre avantage : réduire les coûts induits par les infections nosocomiales. Avec 30 % de burn-out en moins, les chercheurs évaluent l’économie annuelle entre 28 millions et 69 millions de dollars (entre 22,7 et 56 millions d’euros).
Mais, si le lien de cause à effet entre burn-out et infections nosocomiales est établi, il est encore difficile d’identifier sur quoi il repose concrètement.
Aveline Marques
*Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales 2006 du Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin).