Le débat national sur la dépendance, lancé en février par Nicolas Sarkozy, pose la question d’une meilleure prise en charge des patients en perte d’autonomie. Pour la Fédération nationale des infirmiers, il manque un chaînon dans le système de santé français : l’infirmière référente. Plus pour longtemps espère le syndicat de libéraux.
« Dans le secteur ambulatoire, les infirmiers libéraux assurent 75 % des prises en charge auprès des personnes âgées dépendantes, rapporte Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Or, en dépit de leur place essentielle auprès de ces personnes, quel que soit leur âge, le débat national sur la dépendance les écarte encore de la concertation. »
Aussi, plutôt que d’adopter et d’investir lourdement dans un système d’intégration qui ne fait que reproduire en ville le schéma de fonctionnement de l’hôpital, le syndicaliste propose-t-il de miser sur un dispositif durable, le concept d’infirmières libérales référentes, inscrit dans le programme Santé 21 de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe.
Dispositif au confluent du médical et du médico-social
Parallèlement à la prise en charge du patient en perte d’autonomie par le médecin, l’infirmière référente serait chargée de l’élaboration d’un plan d’aide et de soins personnalisé, de la coordination sociale et soignante et de la constitution d’un dossier unique pour le patient. Philippe Tisserand défend également la mise en place d’une consultation infirmière – avec création d’une lettre clé dans la nomenclature générale des actes professionnels– centrée sur l’évaluation et la prise en charge de la dépendance.
Ce concept d’infirmière référente apporterait, d’après le syndicaliste, « une réponse claire, formalisée et identifiée » à un besoin, en créant un interlocuteur unique en charge de ce qui est au confluent du médical et du médico-social. Les infirmières, au plus près des patients, endosseraient le mieux ce rôle car elles connaissent leurs besoins, leur contexte familial et appréhendent leur capacité ou non à retrouver une autonomie. Un rôle d’autant plus indispensable qu’aujourd’hui « nous observons des dysfonctionnements importants dans la prise en charge des patients dépendants, avec des retours à l’hôpital, le recours aux urgences ou encore des carences dans l’éducation thérapeutique, souligne Philippe Tisserand. Cette situation provoque des pertes de chances pour le patient. »
Il propose d’expérimenter ce nouveau dispositif en région, en lien avec les Agences régionales de santé (ARS). Un point indispensable : la reconnaissance légale de ce nouveau rôle en déclarant l’infirmière référente, choisie par le patient, à l’assurance maladie et en l’inscrivant dans la loi comme les autres professions pivots - les pharmaciens et les généralistes.
Concernant le financement, Philippe Tisserand, qui se dit confiant dans la mise en place de ce dispositif, a évoqué le recours aux ARS, aux collectivités locales ou encore au Fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS).
Laure Martin