Infirmières en cancérologie : L’évaluation infirmière au centre du 27e congrès de l’Afic

Le relais s’est fait en douceur avec Pascale Dielenseger, coordinatrice de la recherche et de l’enseignement paramédical à l’Institut Gustave-Roussy (IGR) de Villejuif, présidente pendant 22 ans et désormais vice-présidente. « Je lui ai rendu hommage dans mon introduction pour tout ce qu’elle fait pour l’association, raconte Marie-Laure de Botton. Comme à l’accoutumée, la matinée a été consacrée aux innovations thérapeutiques. Elles ont été présentées par le Pr Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Bérard et président de la fédération Unicancer. Il y a également eu des interventions sur la vaccination et la photobiomodulation ».

La journée a connu plusieurs temps forts notamment l’exposé de la Pr Odette Doyon, infirmière retraitée, professeure émérite en sciences infirmières à l’Université du Québec à Trois-Rivières. « Elle a fait une intervention sur l’évaluation clinique infirmière et une présentation d’un cas clinique interactif, précise Marie-Laure de Botton. Nous avions travaillé avec elle, ainsi qu’avec la Haute école Arc en Suisse, pour créer des vidéos sur ce thème qui ont été montrées ». En effet, en Suisse, l’évaluation clinique fait partie de la formation initiale des infirmières. « Il y a un gap entre ce qu’on apprend en formation d’IDE et ce qu’on attend au niveau master sur ce sujet » a constaté Laïla Yassine, IPA en oncologie à l’IGR.

 « La surveillance infirmière sauve des vies car les patients peuvent mourir d’un défaut de surveillance de la même manière qu’ils peuvent mourir d’une erreur de diagnostic médical, a martelé la Pr Doyon. L’évaluation clinique constitue l’assise de l’exercice infirmier. Toutes les interventions infirmières découlent de la capacité à pouvoir procéder à une évaluation clinique. C’est un équilibre entre le savoir théorique de la professionnelle et les perceptions exprimées par le patient ». Pourtant, si le sujet est reconnu dans la littérature scientifique et identitaire de la profession, selon la chercheuse, il n’est pas assez visible ni porté par les IDE elles-mêmes. « Les infirmières démontrent leur compétence dans la résolution de problèmes de soins par le raisonnement clinique, a encore plaidé la Pr Doyon. Elles intègrent leurs expériences cliniques par l’application des règles de l’art dans un contexte de cas unique et d’une pratique réflexive. Cette compétence visible illustre le leadership clinique et mène à la reconnaissance de l’expertise infirmière par autrui ».

En outre, comme chaque année, des associations de patients étaient également présentes au congrès. Des patientes expertes ont pris la parole notamment au nom de « Jeune et Rose », une association de femmes touchées par le cancer du sein entre 20 et 40 ans, et de « Imagyn » qui rassemble des femmes atteintes de cancers pelviens. La présidente de cette dernière, Coralie Marjollet est ainsi intervenue dans une table-ronde consacrée aux répercussions des traitements du cancer sur la santé sexuelle au cours de laquelle elle a invité les infirmières à ouvrir la discussion avec les patients sur cette thématique.

« Nous avons terminé la journée par une plénière avec un éco-infirmier, grand témoin, qui visait à ouvrir un peu le champ des possibles sur l’écologie, conclut Marie-Laure de Botton. C’est également une invitation à agir à notre échelle pour alléger notre empreinte carbone en réfléchissant, par exemple, sur la pertinence des transports des patients ou sur le matériel utilisé ». A noter enfin que le Prix Any d’Avray, qui avait disparu depuis quelques années, a été reconduit et réorienté vers des projets sur l’amélioration de la qualité de vie des soignants. De la même façon, l’Afic va renouer en fin d’année avec un format de rencontre régionale, en Normandie, avant le prochain congrès national de mars.

Véronique Hunsinger