22/12/2008

Infirmières : le référentiel de formation proposé par la Dhos a été rejeté par les organisations représentatives

Le référentiel de formation des infirmières diplômées d’Etat soumis pour validation le 11 décembre au groupe « réingénierie du diplôme » a été massivement rejeté, a fait savoir le Syndicat national des professionnels infirmiers  (SNPI CFE-CGC). En effet, sur 22 organisations, le document rédigé par la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) n’a reçu l’approbation que de la CFDT.
Les griefs sont au nombre d’au moins deux. Le document serait incomplet et il aurait été substantiellement modifié depuis la précédente réunion du groupe de travail « réingénierie du diplôme ». Au titre des lacunes, le document de la Dhos n’aborde pas « les conditions d’évaluation de la formation », déplore le SNPI CFE-CGC. « On ne sait pas qui évalue quoi et comment ! Le dispositif d’évaluation des compétences est à construire », ajoute le SNPI.

"Modifié unilatéralement"
Le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), qui siège dans le groupe réingénierie en tant que représentant des instituts de formation, a également rejeté le référentiel « modifié par  la DHOS  suite à une rencontre avec l’Enseignement supérieur ». Joëlle Kozlowski, vice-présidente chargée de la formation infirmière au CEFIEC a ainsi demandé à Martine PEGUIN, représentant le CEFIEC au groupe de validation du 11 décembre « de ne pas valider cette version épurée qui rassemblait les UE (unités d’enseignement) par semestre », est-il précisé sur le site Internet du Cefiec. « Nous nous retrouvions avec des blocs sans liens possible, nous perdions tout l’intérêt pour les compétences du maillage des savoirs et l’aspect professionnalisant fort », écrit Joëlle Kozlowski.
Pour le SNPI, le fait que le document ait été « modifié unilatéralement par l’administration » s’apparente à un « passage en force » qualifié d’ « inadmissible ».

Nouveau programme en 2009
Ce référentiel doit servir de base au nouveau programme de formation des études infirmières, rappelle-t-on. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a en effet promis la mise en place de la première année de la licence en soins infirmiers dès la rentrée universitaire de septembre 2009. L’actuel référentiel de formation des IDE date de 1993, ce qui fait dire au SNPI que, dans la mesure où « un programme dure environ 15 ans », il n’est « pas question d’accepter n’importe quoi, ni de rater la réforme LMD pour l’intégration universitaire ».
Problème : si le principe d’une licence semble acquis, le gouvernement n’a toujours pas tranché officiellement entre licence générale et licence professionnelle. Quand on sait que les travaux doivent être achevés fin mars 2009, on comprend que les organisations représentatives s’impatientent de ce silence. Le 5 décembre dernier, un collectif d’une vingtaine d’organisations syndicales et professionnelles a d’ailleurs adressé une lettre ouverte à Mme Bachelot pour la sommer de faire enfin connaître son arbitrage… en vain à ce jour.

Déséquilibre
Tandis que l’immense majorité des organisations s’est prononcée en faveur d’une licence générale qui s’inscrive dans un cursus universitaire eurocompatible complet, jusqu’au doctorat, le SNPI s’inquiète de constater que le référentiel proposé par la Dhos le 11 décembre « est incohérent et construit dans la conception d’une licence professionnelle ». De même, le courrier à Mme Bachelot en date du 5 décembre estimait « fortement dommageable » le fait que « la Dhos, sous couvert de ces groupes, élabore un référentiel de formation sur une logique contraire à la volonté d’intégrer les formations des professions de santé dans le système LMD ».
En ce qui concerne le contenu même du référentiel de formation, force est de constater que les crédits ECTS , base du système universitaire européen harmonisé, sont « très mal répartis » comme le déplore le SNPI. Objet de tous les regrets, l’unité d’enseignement 4, intitulée « Sciences et techniques infirmières », autrement dit le « cœur de métier ». Celle-ci se décompose en six enseignements globalement bien trop peu valorisés, selon le SNPI. Tandis qu’une licence totalise 180 ECTS, le référentiel de la Dhos n’en octroyait par exemple que 3 aux « soins relationnels », alors que « toutes les enquêtes d’opinion montrent que c’est un élément privilégié du soin pour les patients », observe le syndicat, seulement 2 aux « soins éducatifs et préventifs » et 2 petits crédits également pour les « soins palliatifs ».

Référentiel de compétences
Tandis que le référentiel de formation a été rejeté et devra donc être retoqué, le même jour, le référentiel de compétences des IDE était, lui, adopté par la majorité des organisations présentes. Le document de 14 pages recense 10 compétences dont voici la liste :
1.    Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier
2.    Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens
3.    Concevoir et conduire un projet de soins
4.    Mettre en œuvre des thérapeutiques et des actes à visée diagnostique
5.    Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs
6.    Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins
7.    Analyser la qualité des soins et améliorer sa pratique professionnelle
8.    Rechercher, traiter et analyser des données professionnelles et scientifiques
9.    Organiser et coordonner des interventions soignantes
10.    Informer, former des professionnels et des personnes en formation.
Un regret pour le SNPI : « que la capacité de gérer une structure (cabinet libéral, dispensaire, Ssiad…) ne semble pas concevable » pour une infirmière « alors qu’elle a paru normale dans le référentiel de compétences du kiné et du pédicure-podologue ».


C. A.

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