Depuis samedi dernier, les infirmières libérales de France ne peuvent plus s'installer où bon leur semble. La signature du premier avenant à la convention infirmière par les quatre syndicats représentatifs de la profession, en septembre dernier, a changé les règles du jeu. L'objectif : améliorer la répartition des infirmières libérales sur le territoire.
Entré en vigueur samedi, l’avenant stipule que désormais, les infirmières ne peuvent s'installer en zone dites surdotée, que si une consoeur y cesse son activité. A l'inverse, celles qui font le choix de s'installer dans une zone sous-dense recevront des aides financières pendant trois ans. Si cet accord doit être révisé en 2011, en fonction de ses enseignements, il instaure déjà un climat particulier chez les professionnels de santé. Les infirmières sont en effet les premières à se lancer sur la pente glissante de la limitation de leur liberté d'installation, une évolution que les médecins, notamment, voient d'un mauvais œil.
Variations de 1 à 7
Les infirmières libérales sont les professionnels de santé les plus inéquitablement répartis sur le territoire. On observe en effet des variations de 1 à 7 selon les régions, une réalité difficilement acceptable pour l'Etat, pour qui l'accès aux soins est une mission régalienne. Qui plus est, rappelle Yvon Berland, président de l'Observatoire national des professionnels de santé (ONDPS) dans un dossier à paraître dans le prochain numéro de L'Infirmière libérale magazine*, la démographie des infirmières n'est pas en crise. Tous statuts confondus, "elles seront 500 000 à l'horizon 2020". En cela, elles ne représentent pas un sujet d'inquiétude pour le ministère de la Santé, à la différence des médecins ou des chirurgiens-dentistes.
Les cartographies réalisées à partir des données statistiques d'installation des infirmières libérales indiquent clairement qu'alors que le pourtour méditerranéen est très bien pourvu en la matière, la densité des infirmières libérales est de plus en plus faible au fur et à mesure que l'on monte vers le nord de la France. Yvon Berland considère qu'il "n'y a pas d'explication précise" à cet état de fait, mais d'aucuns notent qu'outre l'attrait du soleil, les infirmières vont aussi s'installer dans le sud parce que c'est là que la proportion de personnes âgées est la plus importante.
Missions recentrées
Une dynamique peu encline à changer, selon l'Insee qui annonce de fortes croissances de population à l'horizon 2050 dans les régions du sud et de l'ouest de la France. Cela dit, s'il est vrai que les personnes âgées sont grandes consommatrices de soins infirmiers, il faut néanmoins veiller à ce que chacun fasse son métier. Ainsi, note Yvon Berland, dans la mesure où les infirmières vont sous peu obtenir le niveau licence, leurs missions et responsabilités devront être recentrées. Sous-entendu : les activités de nursing, notamment, devront réellement être confiées aux aides-soignantes. "On doit tirer toutes les professions vers le haut", insiste-t-il.
Sandra Serrepuy
*n°249, juin 2009