Infirmiers en psychiatrie: tranches de vies en Paca

24/09/2011

Infirmiers en psychiatrie: tranches de vies en Paca

De la prison à l’appartement thérapeutique, du centre d’accueil d’urgences des personnes hospitalisées sous contrainte à la médiation thérapeutique par l’art, le métier d’infirmier en psychiatrie s’exerce de multiples manières. Des soignants se sont réunis en Paca pour échanger sur leurs pratiques.

« Le degré de civilisation d'une société se mesure à la manière dont elle traite ses fous », affirmait le psychiatre Lucien Bonnafé au début du XXe siècle. En pleine refonte des modalités d’hospitalisation sous contrainte, les infirmiers de psychiatrie réfléchissent plus que jamais à la manière d’améliorer leurs pratiques. Ainsi le Serpsy  (Soin étude et recherche en psychiatrie) de Provence-Alpes-Côte d’Azur a-t-il organisé le 15 septembre une après-midi de réflexion sur le thème « Le soin infirmier en psychiatrie aujourd’hui, qu’en est-il ? ». Des échanges nourris par des témoignages sur le quotidien d’infirmiers travaillant dans diverses structures, à l’hôpital ou en-dehors.

Laurent Séguy, infirmier psychiatrique en prison,  a été le premier à prendre la parole face aux 200 personnes présentes ce jour-là au centre hospitalier Edouard Toulouse de Marseille.  Durant une vingtaine de minutes, il a confié la difficulté qu’il y a à se trouver quotidiennement face à des détenus considérés comme très dangereux, condamnés à des lourdes peines, et en l’occurrence incarcérés à la Maison centrale d’Arles. L’infirmier a levé le voile sur cet univers carcéral où l’on vit dans des cellules fermées en permanence, où l’intimité nécessaire aux soins est souvent très difficile à organiser face à des gardiens qui ont peur de leurs détenus, lesquels sont parfois atteints de pathologies psychiatriques très lourdes. « Pourquoi tu soignes un monstre ? », lui demandent parfois les gardiens… L’infirmier n’en démord pas : on ne peut pas réduire une personne à ses actes.

Rétablir la confiance
Après cette immersion en prison, c’est de l’hospitalisation sous contrainte dont il a été question avec Yves Benoist et Raphaël Jacquetin, infirmiers au pavillon d’accueil du centre hospitalier psychiatrique de Laragne (05). Lorsqu’il leur est demandé de sortir de leur structure pour aller chercher des personnes dont l’hospitalisation sous contrainte vient d’être décidée, ont-ils raconté, il n’est pas rare qu’on leur dise que le patient « est calme, tout à fait d’accord pour venir ». C’est alors que la question a fusé: « Quelqu’un qui a déjà mobilisé des policiers, un préfet et un juge peut-il vraiment être calme ? » Il arrive pourtant que certains patients reviennent se présenter d’eux-mêmes, sans contrainte cette fois. Là, c’est une vraie victoire, insistent les infirmiers ; le fruit d’années de travail et de mise en confiance.

Ont ensuite témoigné Vannina Philipi, infirmière au centre hospitalier spécialisé Montperrin d’Aix-en-Provence, à propos de la médiation thérapeutique par l’art, puis Anne-Laure Friard-Brame et Marie-Laure Vella, exerçant dans le même hôpital, pour parler de la complémentarité entre les métiers d’infirmière et d’éducatrice spécialisée. Enfin, Nicole Taliana, cadre de santé en psychiatrie, s’est penchée sur le rôle du cadre prenant soin de son équipe.

Laure de Montalembert

 

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