Pauline Machard
Pour mieux détecter l’insuffisance cardiaque, pathologie chronique, et améliorer le parcours de soins, la Cnam déroule un plan d’actions visant le grand public et, également, les professionnels de santé. Il est notamment question de développer l’accès au Prado et les équipes pluripro de soins spécialisés en cardiologie. Les infirmiers y tiennent un rôle clé.
« Nous serons meilleurs sur l’insuffisance cardiaque s’il y a une mobilisation collective et une coalition des acteurs », a fait valoir Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie, en conférence de presse. À ses côtés : des représentants de la Cnam, de la Société française de cardiologie, du Collège de la médecine générale, d’une association de patients. L’enjeu est de taille. 1,5 million de Français sont concernés et entre 400 000 et 700 000 ne seraient pas diagnostiqués. Or l’insuffisance cardiaque entraîne une dégradation de la qualité de vie, elle est responsable chaque année de près de 200 000 hospitalisations, de 70 000 décès, et est coûteuse.
Aide au diagnostic des signes d'alertePremier axe : améliorer la connaissance de la maladie auprès du grand public, notamment des seniors (car la prévalence croît nettement à partir de 60 ans) mais aussi de ceux déjà diagnostiqués. Beaucoup ne relient pas les symptômes de ce trouble cardiaque : essoufflement inhabituel, prise de poids rapide, œdème des pieds et des chevilles, fatigue excessive (Epof). Or, si isolés, ils ne sont pas spécifiques de la maladie, leur association, leur récente survenue, doit y faire penser.
Pour aider au diagnostic, l’Assurance maladie lance le 25 septembre une campagne nationale de sensibilisation aux signes d’alerte, avec le slogan “et si votre cœur essayait de vous dire quelque chose ?” Durant 5 semaines, elle sera déclinée via un spot TV et radio, la presse, des affiches, les réseaux sociaux. Une vidéo sera diffusée dans les pharmacies et les salles d’attente des infirmiers, généralistes, kinésithérapeutes. La campagne, pluriannuelle, est à destination du grand public. Néanmoins les médecins et paramédicaux seront également sensibilisés, via des e-news, des sections dédiées sur Ameli. En ce dernier trimestre 2022, la Cnam mettra un kit de formation à disposition des infirmiers, ceux-ci étant bien placés pour identifier les patients prédisposés à l’insuffisance cardiaque et repérer une décompensation.
Optimiser le parcours de soinsCette aide au diagnostic, la Cnam l’insère dans un plan plus large : le renforcement d’un parcours de soins insuffisance cardiaque. Elle s’appuie sur plusieurs outils. À commencer par l’outil de diagnostic territorial, qui, mis à disposition des CPTS, libéraux, établissements, leur permet d’identifier les atypies du parcours de soins des insuffisants cardiaques, de les corriger. Elle entend aussi, notamment, multiplier par trois le nombre de bénéficiaires annuels du Prado, ce service de retour à domicile des patients hospitalisés - étendu à l’insuffisance cardiaque en 2013 - qui vise à fluidifier le parcours ville-hôpital. Ou encore accompagner la généralisation d’équipes de soins spécialisés en cardiologie sur le territoire, ces équipes pluripro fonctionnant sur la délégation de tâches des cardiologues vers des infirmiers de pratique avancée ou dûment formés au protocole de coopération insuffisance cardiaque. Et généraliser la télésurveillance. « Nous avons les moyens d’agir, positive le Dr Dominique Martin, médecin-conseil national de l’Assurance maladie. Nous avons une ambition collective, portée par l’Assurance maladie avec l’ensemble de ses partenaires, les professionnels de santé et les associations, pour changer la situation. »
Pauline Machard