Interview de Peggy Alonso, présidente de l’ANPDE | Espace Infirmier
 
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16/05/2024

Interview de Peggy Alonso, présidente de l’ANPDE

Alors que se déroulent les 49ème Journées Nationales d’Etudes de l’Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiant(e)s au Havre du 15 au 17 mai, Peggy Alonso revient sur les enjeux de la profession, considérant qu’« il faut remettre au centre nos compétences cliniques dans la prise en charge globale de l’enfant »

Elle défend haut et fort la reconnaissance des compétences des 22 000 personnes qui œuvrent au quotidien pour la santé et le développement des enfants. 

Dans quel état d’esprit êtes-vous pour ces 49ème JNE ?

À quelques jours des Assises de la pédiatrie qui ont été plusieurs fois reportées et qui se tiendront le 24 mai, nous faisons un constat commun sur notre système de santé, très médico-centré. Nous ouvrons cette édition des JNE avec la présence d’autres regards. Notamment celui de Bernard Golse, pédopsychiatre, Claude Roméo, ancien président de l’Association nationale des directeurs de l’action sociale et de la santé (ANDASS), Isabelle Claudet, cheffe de service Urgences pédiatriques au CHU de Toulouse, et Ernestine Ronai, psychologue, responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes… Depuis 2017, nous avons eu de très nombreux rapports (Cours des comptes, Igas, Haut Conseil de la santé publique…) qui pointent le manque de coordination de notre système de santé. Aujourd’hui, il est désormais nécessaire de donner accès à la prise en charge de la population aux auxiliaires médicaux dont les IPDE. À la lecture du dernier rapport « Investir dans la santé de l’enfant, aujourd’hui et demain : une urgence nationale » (1), j’ai envie d’être positive et enthousiaste puisqu’il fait la part belle aux IPDE. Mais il faut désormais passer à l’action et changer de paradigme. Pour le bien de notre profession, celui des enfants qui sont les adultes de demain.

Quelles évolutions défendez-vous en priorité ?

Mon objectif est de travailler à la valorisation et la reconnaissance de la profession d’infirmière-puéricultrice de manière générale afin de garantir quel que soit le lieu de vie, un enfant, une IPDE. Cela passe par différentes évolutions. La réingénierie de notre formation pour envisager le LMD (licence-master-doctorat) et la pratique avancée. Pour le métier socle infirmier, cela est en cours, il faut l’harmoniser en incluant les IPDE dans le processus. Cette réingénierie nous permettrait d’exercer dans notre champ de compétences à savoir la prise en charge de 1er niveau, l’état de santé de l’enfant à un moment donné, le dépistage (par exemple pour le langage) et le travail sur la prévention…Il faut vraiment remettre au centre nos compétences cliniques dans la prise en charge de l’enfant, de sa santé dans une globalité. Cela concerne les enfants sains mais aussi les enfants en situation de handicap ou souffrant de maladies chroniques. Tout cela nécessite de ne pas caler les visites uniquement sur le calendrier vaccinal. Aujourd’hui, les compétences des puéricultrices sont largement sous-utilisées dans le domaine ambulatoire, notamment en prévention et en éducation thérapeutique. Il faut aussi favoriser l’installation en libéral en instituant une nomenclature d’actes qui reconnaîtrait la spécificité de nos actes. Le champ de la prévention, de la vaccination sont importants et nous y avons toute notre place. On estime que 23 % des enfants en milieu d’accueil ne sont pas à jour de leurs vaccinations. Or la vaccination n’est pas qu’un geste technique c’est aussi de la prévention, la possibilité de répondre aux questions des parents. Nous sommes des acteurs du premier recours et nous pouvons nous situer sur le suivi de l’enfant sain, réaliser le relai et l’orientation précoces chez le pédiatre. Notre travail peut faire gagner du temps dans le repérage par exemple de certains retards chez l’enfant. Tout cela dans le cadre d’une coordination du parcours de soin en collaboration et en coordination avec les médecins, ce qui permettrait aussi de libérer du temps médical.

Ces trois journées s’annoncent donc très riches ?

En effet. Nous aurons des focus sur des thèmes majeurs : l’éducation thérapeutique, la place des IPDE dans le dispositif essentiel des CPTS, les mille premiers jours et le maillage professionnel nécessaire aux familles pour les aider à franchir toutes les étapes, la protection de l’enfance et la question des violences intra familiales et de l’inceste. Car la prise en charge de l’enfant que je défends est globale, elle concerne sa santé physique et mentale. Elle est holistique.

Propos recueillis par Isabel Soubelet

(1)https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/assises_de_la_sante_de_l_enfant.pdf

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