Interview exclusive de Roselyne Bachelot : je souhaite que la formation des infirmières (...) soit reconnue au niveau licence. | Espace Infirmier
 
03/11/2008

Interview exclusive de Roselyne Bachelot : je souhaite que la formation des infirmières (...) soit reconnue au niveau licence.

Le 23 octobre dernier, la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports recevait espaceinfirmier.com. En 45 minutes d’entretien, Roselyne Bachelot a abordé tous les sujets de l’actualité infirmière: réforme de la formation, revalorisation salariale, coopérations entre professionnels de santé, ordre infirmier, etc. Extraits (1).

Vous aviez annoncé la mise en place de la licence en soins infirmiers avec la promotion qui va débuter en septembre 2009. Le rapport de l'Igas et de l'IGAENR recommande une licence professionnelle. Qu'allez-vous décider ?
Ce rapport n'est pas une feuille de route, mais une expertise qui doit nourrir la concertation avec les professionnels. Par ailleurs, je n’ai aucune idée préconçue sur la nature de la licence qui sera délivrée aux infirmières. Mais mon objectif est clair : je souhaite que la formation des infirmières qui débutent leurs études en 2009 soit reconnue au niveau licence. Cette formation de base, bien évidemment, conservera un caractère professionnalisant, vivement encouragé par les organisations professionnelles libérales et de l'hôpital et comme cela me l’a été demandé par les infirmières et par les infirmiers.

Pour les infirmières hospitalières, sans nécessairement parler de les verser en catégorie A de la fonction publique car ce n’est pas le cœur du problème, cette reconnaissance s'accompagnera-t-elle d'une revalorisation salariale?
La revalorisation salariale des infirmières sera abordée une fois que nous aurons travaillé sur « l’universitarisation » de la formation et le contenu des métiers. Cependant, l’obtention de la licence ne conduit pas à être intégralement versé en catégorie A. Ces sujets relèvent d'un processus de dialogue social que je mènerai en temps utile et qui nous amènera notamment à aborder le sujet des contreparties... Par exemple, vous savez que l'âge du départ à la retraite n'est pas identique pour les catégories A et B. Je ne préjugerai donc pas des évolutions qui seront discutées avec les organisations syndicales représentatives dans ce domaine.
C’est là un premier point qu'il faut inscrire à l’ordre du jour du dialogue social.
Cela entraînera aussi, et c'est en discussion, une reconfiguration de la catégorie A. On ne met pas impunément plusieurs dizaines, pour ne pas dire centaines de milliers d'agents dans cette catégorie sans entraîner des remodelages, des reconfigurations complexes.

Dans l'article 17 du projet de loi "Hôpital, patients, santé, territoires" se pose le principe de la généralisation des coopérations entre professionnels de santé.
J'ai voulu un changement de paradigme dans les délégations et partages de compétences, comme cela a été le cas pour le renouvellement de la vaccination grippale sans prescription médicale. Je souhaite que les coopérations se mettent en œuvre à partir du terrain, entre des professionnels de santé volontaires qui y trouvent un intérêt pour mieux prendre en charge leurs patients. Elles devront bien sur s’exercer dans le champ des connaissances, des expériences et des compétences des professionnels concernés. Ce sont les professionnels qui pourront faire valider des protocoles de coopération dans le cadre des ARS (agences régionales de santé). D'abord parce que ce processus de volontariat fonctionne. À quoi sert une délégation de compétences qui n'est pas utilisée, qui n'est pas voulue par les professionnels et qui n'est pas exercée ? Par définition, c'est comme dans un mariage, la coopération : on n'est pas tout seul dans cet exercice. Et bien entendu ces protocoles seront validés sur un avis médical, celui de la Haute Autorité de Santé. Je souhaite que cet article 17 soit bien compris.
Par ailleurs, j'ai missionné quatre professionnels de santé pour qu'ils réfléchissent à ce thème – quatre professionnels paramédicaux, car je ne souhaite pas que les professionnels médicaux pensent à la place des paramédicaux. Leurs propositions pourront alimenter les concertations sur la formation qui débutent le 17 novembre, les masters paraissant le niveau privilégié pour former les infirmiers à ces nouvelles missions.

Le conseil national de l'ordre infirmier sera élu le 25 novembre. Sera-t-il pour vous un interlocuteur incontournable ?
Evidemment. L'ordre infirmier est une instance qui a pour objet d'établir les règles de déontologie, de veiller à l'observance de ces règles de déontologie et d'assurer la défense et la promotion d'une profession. Il est aussi un interlocuteur privilégié de la ministre. C'est ce qui définit un ordre. Pour ma part, je recevrai ses représentants, au même titre que les autres ordres : les pharmaciens, les médecins, etc. Chaque fois que j'y serai invitée et pour tout dossier important concernant les infirmiers, je demanderai à rencontrer l'ordre des infirmiers. Cela me paraît tout à fait normal. Parallèlement, j’ai installé moi-même le Haut Conseil des Professions Paramédicales avant d’en confier la présidence à Edouard Couty. Son rôle est complémentaire de celui des ordres. C'est une instance de discussions entre professionnels, sur des sujets interprofessionnels.

Le diplôme d'infirmier en secteur psychiatrique a été supprimé en 1992. Le système du tutorat mis en place par M. Douste-Blazy en 2006 n'est pas à la hauteur. Les jeunes infirmiers de psychiatrie se plaignent d'être insuffisamment formés. Ne pourrait-on pas envisager une spécialisation en psychiatrie sur le modèle des puéricultrices, des IADE ou des IBODE?
J’ai demandé une évaluation très précise sur cette question du tutorat. J’en attends les résultats. Je ne dispose actuellement que d’une analyse partielle, ne comprenant pas toutes les régions. J’ai besoin de plus d’éléments pour dresser le bilan mais il ne sera pas aussi négatif que ce que vous sous entendez. Cette évaluation fait aussi partie de l’évaluation plus générale du plan psychiatrie et santé mentale 2005 – 2008 qui sera menée au cours du premier semestre 2009.
Je n’ai aucun a priori pour ou contre la réintroduction d'une spécialité d'infirmière en psychiatrie. Cela fait partie d'ailleurs de la mission que j’ai confié à Edouard Couty le 7 juillet dernier. Le rapport me sera remis à la fin de l’année. J’agirai au vu des conclusions et des propositions de cette commission, où siège d’ailleurs un cadre infirmier en tant que personnalité qualifiée. Je suis avant tout une pragmatique.


Propos recueillis par Catherine Hurtaud et Cécile Almendros

Cet entretien a été relu et amendé par le cabinet de Roselyne Bachelot.


(1) Retrouvez l'intégralité de l’interview dans les prochains numéros de L’infirmière magazine, L’infirmière Libérale Magazine et Objectifs Soins.

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