Une étude européenne met en évidence les vertus d’un bon ratio infirmières/patients et d’un environnement de travail épanouissant pour les soignants.
On savait que les moyens alloués à une pratique infirmière de qualité influait de manière importante sur la qualité des soins, mais une toute récente étude le prouve. Lors d'une demi-journée de travail organisée par le Secrétariat international des infirmiers et infirmières de l'espace francophone (Sidiief) sur les enjeux de l'universitarisation de la formation des infirmières (1), le Pr Walter Sermeus, de l’université catholique de Louvain (Belgique), a présenté une partie des résultats de l’étude RN4CAST, un travail qui croise des données issues d’infirmières, de patients, et d’établissements de quinze pays européens.
L'étude montre par exemple que le ratio infirmières/patients (nurse staffing) peut aller du simple à plus du double, passant ainsi de 5,4 en Norvège à 13 en Allemagne. L'étude de l’environnement de travail (practice environment), qui prend en compte le ratio infirmières/patients, mais aussi les possibilités de formation, de coordination avec les médecins, etc., fait également apparaître de très grandes disparités, puisqu'il est noté à 6,06 en Espagne -ce qui est faible-, contre 71,43 en Suisse...
« La pratique infirmière n'est pas un coût, mais un investissement. »
L'insatisfaction au travail, tout comme l'intention de quitter l'hôpital, sont aussi très contrastées selon les pays et semblent corrélés : là où l'insatisfaction est la plus faible (les Pays-Bas), l'intention de quitter l'hôpital est faible aussi. Et inversement pour ce qui concerne la Grèce.
L'étude va plus loin dans son analyse. Elle révèle qu'un « ratio infirmières/patients favorable a des effets positifs sur la façon dont les patients voient l'hôpital, a souligné Walter Sermeus. Ils savent que l'environnement infirmier est important. Ce n'est pas seulement important pour les infirmières, cela a un impact sur la qualité de soins et sur la perception que les patients en ont. C'est une information très importante pour les gestionnaires, qui montre que la pratique infirmière n'est pas un coût, mais un investissement. »
Géraldine Langlois
1 - Symposium sur les enjeux de la formation infirmière à l'université, organisé par le Sidiief, le 25 mai à Bruxelles.