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Une étude (1) publiée par l'Irdes (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) montre la difficulté des IPA à trouver leur place dans les soins primaires et décrit les stratégies qu'elles élaborent pour développer leur patientèle et étendre le champ de leur pratique clinique.
Pour le moment, les IPA travaillant en ville n'ont pas une file active suffisante pour vivre de leur exercice exclusif. Les Idels ayant décidé de s'engager dans la pratique avancée ont assisté à une chute de leurs revenus. Une baisse qui s'explique notamment par la tendance des médecins ayant signé un protocole d'organisation avec une IPA à conserver des patients "faciles" et à lui adresser des patients complexes. Cette prise en charge chronophage est peu rentable, au regard du paiement au forfait annuel mis en place pour la pratique avancée : 177 euros, revalorisés de 23% en novembre 2022. Pour boucler leurs fins de mois, les professionnelles coordonnent des structures d'exercice pluriprofessionnel, réalisent des tests de dépistage Covid ou des activités cliniques en établissement de santé. D'autres restent IDE généralistes et suivent en parallèle des patients dans le cadre de la pratique avancée. Comme le résume l'étude, "Alors que les IPA devaient contribuer à améliorer l'accès aux soins, l'enquête pointe le faible nombre de patients qu'elles suivent, souvent limité à quelques dizaines" Cette faiblesse vient de la difficulté à s'assurer un adressage médical. Ainsi, les anciennes Idels interrogées dans l'étude se sont vu souvent refuser par les médecins avec lesquels elles travaillaient une collaboration au titre de la pratique avancée. Elles ont dû entrer en contact avec d'autres praticiens.
Pédagogie et développement du réseauAvec un métier encore mal repéré, les IPA doivent passer du temps, non travaillé, pour expliquer leur métier à leurs interlocuteurs et se faire connaître. Exercer dans une zone sous dotée en médecins peut être un facteur favorable pour développer sa pratique clinique et devenir une aide indispensable pour "maintenir la prise en charge des patients" aux côtés des médecins. L'étude précise que l'attitude de ces derniers face à l'arrivée des IPA dans les soins primaires ne varie pas en fonction de leur âge, mais plutôt de leur culture professionnelle. Les praticiens convaincus de l'intérêt de collaborer avec des IPA " sont souvent engagés dans la réforme des soins primaires, ayant un rôle moteur de création et d'animation au sein de structures pluriprofessionnelles comme les MSP ou les CPTS (Communautés professionnelles de territoires de santé)". Sans oublier que les IPA libérales ne peuvent exercer qu'au sein d'une équipe de soins primaires, ce qui peut les inciter à monter des structures, à titre bénévole. Ce qui leur permet ensuite d'y assurer des fonctions de coordination, leur assurant un revenu complémentaire et leur permettant de mieux se faire connaître des autres professionnels de santé.
De nouvelles perspectivesSi les chiffres ne sont pas encore au rendez-vous, ces IPA peuvent avoir la satisfaction d'étoffer l'offre de soin. Les personnes interrogées ont noté la possibilité de développer des tâches cliniques peu investies par les médecins, comme la prévention secondaire, la coordination de parcours de soin de patients complexes, ou des consultations en Ehpad. Dans certains cas, elles se voient confier le suivi de patients porteurs de pathologies non stabilisées. Ce qui les sort du cadre juridique en vigueur mais leur apporte la satisfaction de mobiliser leur expertise clinique élargie et d'en constater l'efficacité, avec l'amélioration de l’état de santé de leurs patients.
Enquête qualitative basée sur des entretiens menés auprès de dix professionnels entre février et juillet 2021. Disponible sur : https://www.irdes.fr/recherche/2023/qes-277-infirmiere-en-pratique-avancee-ipa-en-soins-primaires.html