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Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2022, les députés ont adopté le 23 septembre un amendement ouvrant à titre expérimental la primoprescription pour des prescriptions médicales obligatoires, aux infirmières en pratique avancée (IPA).
« C’est une première victoire, même si nous aurions souhaité une expérimentation nationale », lance Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa). Cette possibilité de prescrire, qui va être expérimentée pendant trois ans dans trois territoires, est la suite logique de la mesure 6 du Ségur de la santé, qui prévoit de « renforcer le rôle des IPA en permettant aux patients de les consulter directement et en élargissant leur périmètre d’action ». Cette première avancée, considérée comme un moyen d’agir contre la désertification médicale, présente aussi un grand intérêt pour les IPA. « Celles exerçant en libéral en soins primaires ont des difficultés à s’implanter car le modèle économique ne fonctionne pas », explique Tatiana Henriot. Notamment parce que pour le moment, les IPA ne peuvent que prescrire des médicaments à prescription médicale non obligatoire. « Nous avions donc besoin de cette possibilité législative pour avancer dans le déploiement et le premier recours », poursuit-elle. Les détails de ce nouveau champ d’actions seront précisés dans des décrets ultérieurs.
Une expérimentation de plus ?Avec la réputation qu’a la France de vouloir tout essayer avant de passer à l’action, on pourrait s’interroger sur l’opportunité de cette nouvelle expérimentation. Mais pour Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (Oni), « elle va permettre de faire avancer la situation et offrir aux professionnelles de nouvelles perspectives ». « Cette expérimentation est essentielle car ce nouveau métier est mal connu et mal visible, estime-t-il. Elle va donc permettre d’en faire la promotion, d’en assurer la compréhension du côté des patients et de tous les soignants dont les médecins, afin de structurer les soins. L’autonomie qui est accordée aux IPA va permettre de démontrer la valeur ajoutée du métier. » C’est aussi un moyen de relancer l’attractivité pour les professionnelles qui s’orientent vers cette voie.
Pour un accès directUne petite déception cependant : « Nous aurions aussi souhaité que soit acté l’accès direct aux IPA comme prévu par la mesure 6 du Ségur de la santé », reconnaît Tatiana Henriot. Actuellement, l’orientation du patient par le médecin est inscrite dans un décret et non dans la loi. « En l’inscrivant dans le PLFSS, cela aurait été une démarche complémentaire pour engager une modification réglementaire », précise-t-elle.
L’examen du texte va se poursuivre au Sénat en novembre. De nouveaux amendements pourront donc être déposés en ce sens, « ce qui serait logique pour rendre accessibles aux patients toutes les compétences des IPA, complète Tatiana Henriot. Les IPA pourraient alors faire de ″l’aller vers″, de l’éducation à la santé, un bilan de santé de départ et, en fonction, orienter vers un médecin. Les ouvertures sont nombreuses et la primoprescription est la première étape ».
Laure Martin