IVG : des pistes pour améliorer la prise  en charge

13/03/2012

IVG : des pistes pour améliorer la prise  en charge

Les professionnels réunis mercredi dernier au forum « IVG 2012 - sujet privé, débat public » ont évoqué différentes pistes pour améliorer la prise en charge des femmes demandant une IVG, aussi bien en ville qu'à l'hôpital.

La deuxième édition du Forum IVG – « IVG 2012 - sujet privé débat public », qui se tenait mercredi dernier, a été l’occasion, pour les professionnels de santé présents, de réfléchir aux moyens d’améliorer la prise en charge des femmes demandant une IVG, en ville comme à l'hôpital. Les professionnels réunis dans l’atelier consacré à la prise en charge de l’IVG à l’hôpital ont souligné les difficultés actuelles, liées notamment aux restructurations hospitalières nées de la loi HPST. Depuis la loi sur la réforme de l'hôpital de 2009, les services d’obstétrique et les centres d'IVG (CIVG) sont en effet noyés dans des pôles, avec mutualisation des moyens, des structures et du personnel. Pour améliorer la prise en charge de l’IVG à l’hôpital, l’une des pistes évoquées par les participants à l’atelier serait de mutualiser, en fonction des ressources locales, les moyens pour les centres de proximité, et de garantir des moyens dédiés à l’IVG dans les grosses structures.
Présentes au Forum, trois associations de défense de l'IVG (l’Ancic, le Cadac et le Planning familial) ont proposé, comme énoncé dans leur manifeste diffusé depuis novembre dernier, de généraliser les CIVG, « dans le cadre d'une médecine de proximité » - une démarche allant « à l'encontre de ce que prône la politique de santé actuelle », a souligné Danielle Gaudry, gynécologue obstétricienne et responsable de la Commission avortement au Planning familial. Le manifeste plaide notamment pour des CIVG sous forme de structures autonomes dans les établissements hospitaliers, des CIVG dotés d’équipes « motivées », « dédiées au centre » et « formées à la contraception et aux techniques d'avortement. » En dehors de l'hôpital, le manifeste demande que des CIVG soient intégrés aux centres de santé publique, et notamment aux centres de planification et d'éducation familiale, sous réserve d'une convention avec un hôpital avec des procédures pré-établies, comme pour l'IVG médicamenteuse en ville.
 
« Laisser le choix de la méthode aux femmes »
Coprésidente de l’Ancic, et vice-présidente du Revho (réseau entre la ville et l’hôpital pour l’orthogénie), Sophie Eyraud, médecin généraliste, qui animait un atelier sur l'amélioration de la prise en charge de l'IVG en ville, a par ailleurs plaidé pour que les centres d'IVG hospitaliers se recentrent sur l'IVG chirurgicale. « Les IVG médicamenteuses peuvent souvent se faire en ville, les centres d'IVG doivent se recentrer sur les IVG chirurgicales », a-t-elle insisté, rappelant qu'actuellement, les CIVG pratiquent pour moitié des IVG médicamenteuses, sans toujours laisser le choix de la méthode aux femmes. « Le problème est que, suite aux restructurations, les CIVG disparaissent, et il y a une diminution des blocs », a-t-elle déploré, citant l'exemple des restructurations qui ont concerné les hôpitaux parisiens du Broussais, de Cochin et de Saint-Vincent-de-Paul - « on est passé de trois blocs à un bloc, et aujourd'hui il y a 500 IVG chirurgicales en moins par an. »
Les professionnels réunis dans  l’atelier sur l'amélioration de la prise en charge de l'IVG médicamenteuse en ville, ont par ailleurs proposé que soit réduit le délai de réflexion de sept jours imposé entre la consultation et la réalisation de l'IVG. « On est tous d'accord pour qu'il y ait un délai de réflexion, mais sept jours c'est souvent trop long. Parfois ce délai n'est pas nécessaire et entraîne même un dépassement du délai autorisé pour l'IVG médicamenteuse », a souligné Sophie Eyraud.
Un quatrième atelier était consacré aux perspectives d’évolution du rôle des sages-femmes en matière d’IVG. « La possibilité de nous accorder le droit de réaliser des IVG y a bien sûr été abordé », a expliqué Céline Glorie, sage-femme et vice-présidente de l’ANSFO (Association nationale des sages-femmes orthogénistes). Actuellement, selon la loi, si une sage-femme peut « participer » à une IVG, elle ne peut en effet légalement pas « pratiquer » elle-même l’IVG. Nombre de professionnels défenseurs du droit à l’IVG seraient favorables à une telle évolution, « mais la société reste très frileuse, voire réactionnaire sur un tel sujet…  » a fait remarquer Sophie Eyraud. « Présente au Forum, la députée Bérangère Poletti, qui, par deux fois, a déposé des amendements (adoptés par les deux assemblées, mais supprimés par le Conseil constitutionnel), proposant que les sages-femmes puissent réaliser des IVG à titre expérimental, m’a redit que “cette évolution n’était pas pour tout de suite” » a conclu la co-présidente de l’Ancic.
 
Emmanuelle Debelleix

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