Journée de l'infirmière: les « Ni bonnes » dans la rue

13/05/2013

Journée de l'infirmière: les « Ni bonnes » dans la rue

Environ 150 soignants ont battu le pavé parisien, dimanche 12 mai, à l’initiative du collectif Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes. En cette Journée internationale de l’infirmière, ils souhaitaient attirer l’attention sur la dégradation de leurs conditions de travail.

« Le changement, pour les soignants, c’est maintenant. » « A bas le marché de la santé, à bas la T2A ! » Colliers de seringues autour du cou et masques de chirurgien sur le visage, environ 150 infirmières et aides-soignantes ont crié leur colère, dimanche 12 mai, sur les marches de l’Opéra Bastille, à Paris.

Le cortège s’est ensuite dirigé vers la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), scandant des slogans au son des sirènes, avant de gagner l’Hôtel-Dieu (AP-HP) en fin d’après-midi.

« Aujourd’hui, Journée internationale de l’infirmière, on veut se faire entendre des soignés, expliquer aux gens combien nos conditions de travail se sont dégradées, explique Alexandra Saulneron, présidente du collectif Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes, à l’origine de la manifestation. C’est pour cela que des soignants de toutes les régions de France nous ont rejoints à Paris. »

Des soignants épuisés

Parmi eux, Pauline, aide-soignante en Dordogne, qui n’a pas hésité à parcourir près de 500 km pour défendre sa profession. « Le glissement de tâches n’est pas reconnu alors que c’est une réalité, explique-t-elle. Comme c’est rentable, personne ne dit rien. Mais on est épuisé, on n’a plus de vie. » Cynthia, infirmière en Seine-Saint-Denis, va plus loin. « On nous rappelle sur nos congés, on doit effectuer des nuits supplémentaires non payées, les soignants malades ne sont plus remplacés… Les risques d’erreur sont démultipliés et on peut vite tomber dans la maltraitance du patient. »

Le long week-end de l’Ascension n’était peut-être pas le mieux choisi pour aller à la rencontre des Parisiens, peu nombreux dans la rue ce jour-là. Quelques curieux s’approchent tout de même des manifestants. « Quelles sont vos revendications ? Sur le tract, ce n’est pas clair. » Une infirmière répond patiemment. « Nous demandons l’instauration d’un quota soignants-patients et l’abrogation de la tarification à l’activité, qui implique une logique de rentabilité. » « Si c’est comme ça en France, qu’est-ce que ça doit être ailleurs », soupire un passant.

« On n’est pas encore assez nombreux »

Si les rangs étaient un peu plus fournis que lors des précédents événements organisés par le collectif, la mobilisation était encore loin de refléter les 35 000 membres réunis dans son groupe Facebook, ouvert en octobre 2012. « On n’est pas encore assez nombreux, reconnaît Alexandra Saulneron. Les soignants sont très attentistes.  Et puis, nous ne sommes pas vraiment soutenus par les syndicats : seule la Coordination nationale infirmière nous a rejoints. » Le collectif espère la formation d’une intersyndicale qui pourrait négocier en son nom avec le ministère.

Pour l’instant, celui-ci fait la sourde-oreille. Les « Ni bonnes » ont demandé à rencontrer la ministre (PS) de la Santé, Marisol Touraine. Son cabinet a répondu le 3 mai que « les contraintes de son emploi du temps » ne lui permettaient pas de les recevoir. « Est-ce du dédain ou est-ce qu’elle nous craint ? s’interroge Alexandra Saulneron. En tout cas, nous allons renouveler notre demande de rendez-vous dès ce lundi. »

Texte et photo: Hélène Colau

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