03/04/2009

Justice : 24 ans de prison pour le meurtrier d'Elisabeth Stibling, infirmière libérale

Hier soir, après trois heures de délibéré, le verdict a été rendu dans le procès du meurtrier d'Elisabeth Stibling : 24 ans de prison assortis de 16 ans de sûreté.

L'infirmière libérale, âgée de 46 ans, avait été appelée le soir du 23 décembre 2006 par un patient qui prétextait le besoin urgent d'une injection urgente de cortisone. Le patient en question, Christian Lopez, a avoué en réalité avoir eu envie de «discuter», déstabilisé par l'annulation de la venue de son ex- compagne et de ses enfants pour les fêtes de Noël. L'enquête a révélé qu'il avait passé pas moins de 112 coups de fils ce jour-là, avant d'appeler les renseignements téléphoniques qui lui ont donné le numéro d'Elisabeth Stibling.

L'infirmière s'est rendue au domicile du patient, à Aubenas (Ardèche), sur la fin de l'après-midi. Lorsqu'elle lui a demandé de lui apporter l'ordonnance du médecin, il serait revenu avec un couteau et lui aurait lié les poignets. Il l'a ensuite emmenée hors de son appartement, à Ailhon, sur une aire de pique-nique qui lui rappelait «les bons moments partagés avec ses enfants».

S'en serait suivie une confusion dans son esprit entre le visage de son ex-compagne et celui de l'infirmière. Il l’a alors étranglée. Le corps inerte sera déposé - puis retrouvé - dans le coffre du véhicule de l'infirmière. Christian Lopez a regagné son domicile, appelé son ex-compagne puis la police... et son avocat.

UMD ou prison ?

Les jurés n'ont pas été sensibles à la plaidoirie de la défense, qui les invitait à préférer les soins psychiatriques en centre fermé à la prison. L’avocat de la défense, Maître Alin Fort, a plaidé pour que son client reste hospitalisé en psychiatrie, en UMD (Unité pour malades difficiles) mais pas en prison. L’avocat général a requis 30 ans de prison. Christian Lopez possède déjà un lourd passif en matière de condamnations pénales (braquage de pharmacie, vols) qui lui auront valu, à 41 ans, d'avoir passé une dizaine d'années derrière les barreaux. Psychotique, il absorbe quotidiennement de très fortes doses de neuroleptiques et d'antidépresseurs.

Toutefois, les expertises psychiatriques ont déterminé l'altération du discernement au moment des faits et non pas son abolition complète, ce qui a contribué à rendre pénalement responsable l'accusé. Contrairement au non-lieu psychiatrique auquel avait conclu l'affaire du "double meurtre du Pau" mettant en cause un schizophrène, Christian Lopez a donc été jugé et condamné.

Obligation de prodiguer des soins

Au troisième jour de l'audience, une infirmière libérale de la région, Andrée Palme, déléguée du Syndicat national des infirmiers et infirmières libérales (SNIIL), a rappelé que la profession infirmière est encadrée par la loi et que cette même loi implique des devoirs : «nous avons obligation de prodiguer des soins à tous, quel que soit notre sentiment». Elle a souligné que ce meurtre a profondément choqué la profession : "chacune d'entre nous savait que ça aurait pu être n'importe qui. Mais pour sa famille, ça n'a pas été n'importe qui. C'est Elisabeth qui s'est rendue au domicile pour soigner et c'est la mort qui l'a trouvée».

A 13 heures hier, le dernier jour du procès, des infirmières libérales de la région se sont réunies sur les marches du tribunal de grande instance de Privas pour un rassemblement silencieux autour d'une banderole et de la photo de la victime.

Candice Moors

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