koalou.com
Infirmière anesthésiste à l’hôpital Necker (AP-HP) et nommée Femme de santé en 2020, Marie-Esther Degbelo a créé Koalou. Cette application sécurisée fluidifie le parcours de soin pédiatrique et améliore l’expérience des enfants au sein des établissements de santé.
EN QUOI CONSISTE LA SOLUTION KOALOU ?
Il s’agit d’une solution numérique sécurisée, pour gérer le lien entre les professionnels de santé, les patients de 3 à 12 ans et leurs parents, pendant tout le parcours de soins. Avec l’application, l’objectif est d’assurer un suivi de l'enfant du début à la fin de la prise en charge, depuis l’indication de la chirurgie jusqu’à la guérison : mesure de l’anxiété des enfants et des parents avant d’aller au bloc, suivi de la douleur et des complications postopératoires.
Le but est de diminuer l’anxiété des parents et des enfants, en recueillant des éléments permettant aux professionnels de mieux connaître le patient pour ainsi mieux l’accompagner en objectivant le stress et l’anxiété.
COMMENT ACCÈDENT-ILS À KOALOU ?
C’est le chirurgien – ou un membre de son équipe qui, lorsqu’il rencontre les parents et l’enfant, va leur donner accès à Koalou, plateforme sur laquelle un espace est dédié aux parents et un autre à l’enfant. Dans la partie « enfant », un conte thérapeutique, conçu avec des professionnels de santé, permet de diminuer l’anxiété des petits patients et de travailler sur le parcours de soins via une préparation psychologique.
Les parents retrouvent, quant à eux, en un seul et même endroit, l’ensemble des informations nécessaires pour se préparer à l’opération. Ils peuvent également signaler toutes modifications de l’état de santé de leur enfant. Ces données sont transmises aux professionnels de santé, via la plateforme à laquelle ils se connectent.
COMMENT AVEZ-VOUS EU L’IDÉE DE CRÉER CETTE SOLUTION ?
L’idée m’est venue dans le cadre de mon mémoire de Master d’infirmière anesthésiste. Je me suis interrogée sur comment diminuer l’anxiété préopératoire de l’enfant de 4 à 5 ans car elle augmente les risques de laryngospasmes et la consommation de morphiniques. Les établissements hospitaliers proposent déjà des solutions très variées avec le recours à l’humour, à des bandes dessinées, à des jeux. Ces solutions fonctionnent mais elles dépendent de la disponibilité des professionnels de santé, de leur connaissance ou encore de leur envie de s’investir car certains sont plus ou moins à l’aise avec la distraction. Par ailleurs, plus on introduit de variables, plus on s’éloigne de la standardisation. J’ai donc souhaité proposer une solution qui puisse convenir à tous. Aujourd’hui, une dizaine d’établissements hospitaliers utilise notre solution.
EN PARALLÈLE, VOUS PROPOSEZ ÉGALEMENT D’AUTRES OUTILS POUR LES ENFANTS ?
Effectivement, nous développons d’autres outils inspirés des techniques cognitivo-comportementales et émotionnelles pour aider les enfants de 3-12 ans à mieux gérer leurs émotions : agressivité, crise de colère, tristesse, anxiété, troubles de l’attention, problème de sommeil. Aujourd’hui, l’un des enjeux du système de santé est la prise en charge de la santé mentale des enfants.
Notre objectif est de nous lancer sur de nouveaux marchés en proposant une plateforme d’outils thérapeutiques aux psychologues pour qu’ils aient un lien avec les patients entre chaque séance. Nous voudrions également développer de nouveaux programmes pour les enfants, sur la confiance en soi.
Propos recueillis par Laure Martin