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13/03/2022

« Koh-Lanta : si c’était à refaire, je repartirais demain ! »

Infirmière libérale en Seine-et-Marne, Céline Dufrenoy a réalisé l’un de ses rêves en participant à la dernière saison de l’émission « Koh-Lanta ». Comment s’est-elle préparée à l’aventure ? Comment s’est-elle organisée pour son activité professionnelle ? Elle se livre pour Espaceinfirmier.fr

Qu’est-ce qui vous a conduit à adresser votre candidature pour participer à Koh-Lanta ?

Koh-Lanta, c’est l’histoire d’un rêve, que j’avais déjà tenté d’exaucer à l’âge de 25 ans, alors que je sortais de l’Ifsi. À l’époque, on envoyait un courrier et des photos. Je n’ai pas été retenue. Puis j’ai commencé ma vie professionnelle, j’ai eu mes enfants. Je n’ai plus songé à ce type de défi car j’étais occupée à autre chose. Et là, à 40 ans passés, en pleine crise sanitaire, je me suis dit que quitte à couper avec tout cela, autant tenter une aventure. J’ai donc de nouveau candidaté, en ayant en tête que ce serait la dernière fois. Et j’ai bien fait car on m’a retenue, à 42 ans.

Qu’est-ce qui vous séduit dans cette émission ?

L’esprit d’aventure et le défi de retourner à l’essentiel. C’est l’être humain, tel qu’il est dans la nature. On en revient aux bases, sans téléphone, sans montre. Une fois qu’on a les pieds dans l’aventure, il faut faire avec l’environnement qui nous entoure. Cela permet de réapprendre à discuter les uns avec les autres, d’échanger. C’est d’autant plus important à l’heure actuelle, avec le Covid qui a mis beaucoup de distance entre nous et a privilégié les visios, les textos. Ce contact humain, je suis ravie de l’avoir redécouvert à Koh-Lanta.

Comment vous êtes-vous organisée par rapport à votre cabinet libéral ?

Je suis partie pendant trois semaines. Mais quand on est sélectionné, on ne le sait pas longtemps à l’avance, je ne pouvais donc pas prévoir de remplaçant. Heureusement, j’ai pu compter sur mes confrères et consœurs. Le libéral est victime d’une mauvaise image : exercice isolé, chacun pour soi, tout pour son chiffre d’affaires. Alors qu’au contraire, on est bien entouré. J’ai bénéficié d’une grande solidarité, et j’ai été soutenue par la Fédération nationale des infirmiers (FNI), dont je suis la secrétaire générale en Seine-et-Marne. J’exerce une semaine sur deux, dans un cabinet où nous sommes deux. Pendant ma semaine de travail, ce sont des collègues d’autres cabinets qui ont assuré ma tournée. Je les connais tous depuis plus de dix ans. C’est comme ma famille. Dans les métiers de l’humain comme le nôtre, lorsque l’on a besoin de s’aider, on est toujours présents. Ceci étant, il faut reconnaître que financièrement ce n’était pas évident de s’arrêter sur une si longue période. Mais j’ai pu réaliser mon rêve et je me suis dit que pour une fois, je n’allais pas refuser une aventure pour moi afin de prioriser mon travail.

Vous êtes-vous préparée à l’aventure ?

Mentalement, la crise du Covid m’a préparée à la gestion du stress, de l’angoisse et à l’adaptation à l’environnement. Le sport fait aussi partie de mon quotidien. Je l’avais mis entre parenthèses durant mes grossesses, mais auparavant je faisais des marathons, et je me suis mise au triathlon il y a deux ans, avec de la course, de la natation, et quand je le peux, du vélo. J’en fais deux à trois fois par semaine. C’est mon moment à moi, cela me permet d’évacuer le stress. Et puis avant de partir, on fait de nombreux examens : bilan sanguin, échographie cardiaque, entretiens médicaux et psychologiques, épreuves d’effort. Tout est mis en œuvre pour s’assurer qu’on est prêt physiquement et psychologiquement à partir.

Que retenez-vous de l’aventure ?

Je ne suis pas restée aussi longtemps que je l’aurais souhaité. Je n’ai pas pu exposer toutes mes compétences humaines et sportives. Mais j’ai vécu un conseil, et j’ai été cheffe d’une équipe, ce qui m’a permis d’avoir un statut intéressant dans l’aventure. C’est le côté positif, pour mes enfants aussi. Ma famille m’a soutenue dans ma démarche même si à chaque étape du casting, je m’assurais auprès de mes filles qu’elles étaient toujours d’accord pour que j’y participe. C’était important pour moi de leur montrer que même si je partais loin, j’étais toujours là. Quand je suis rentrée, je ne leur ai pas parlé de l’issue de l’aventure [elle a été éliminée au début de l’aventure, NDLR]. Je voulais qu’elles se fassent leur propre idée en regardant l’émission.

En aviez-vous informé vos patients ?

Absolument pas ! Cela faisait douze ans qu’ils me voyaient matin et soir. Ils n’ont pas compris mes trois semaines d’absence. Cela a été très difficile pour moi de ne pas leur expliquer en amont la raison de mon absence. Mais finalement, ce n’était pas si mal car ils auraient pu essayer de me faire changer d’avis. Au moment de la diffusion de l’émission, je leur ai juste dit de regarder la télévision le soir, sans leur dire pourquoi. Certains m’ont envoyé des SMS pour s’assurer que c’était bien moi ! D’autres ont découpé les articles dans la presse. Cela leur donne un peu de surprise dans leur quotidien. Et surtout, la diffusion leur a permis d’arrêter de penser que j’avais été malade, en dépression ou que j’avais quitté mon cabinet. Aujourd’hui, ils m’offrent de belles paroles et me trouvent courageuse d’avoir participé à cette aventure ! C’était aussi une manière de montrer l’existence de notre profession, de l’exercice libéral et de faire savoir qu’il y a des infirmiers qui se déplacent tous les jours au domicile des patients.

Propos recueillis par Laure Martin

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