L’accès aux soins des plus démunis se dégrade

17/10/2012

L’accès aux soins des plus démunis se dégrade

A l’occasion de la journée internationale du refus de la misère, ce mercredi 17 octobre, Médecins du monde a présenté son baromètre sur l’accès aux soins des plus démunis. L’activité de l’ONG a augmenté de 5 % en France en 2011 et de 22 % depuis 2008.

Le centre vient tout juste d’ouvrir ses portes, mais la salle d’attente est déjà pleine. « Certains viennent à 7h30 pour commencer à faire la queue », explique le responsable, le Dr Jean Nau. Étrangers, précaires, SDF, travailleurs du sexe… ils sont une centaine, chaque jour, à venir se faire soigner gratuitement dans le centre d’accueil, de soins et d’orientation (Caso) parisien de Médecins du monde. Avec une augmentation de 18 % du nombre de passage au cours du premier semestre 2012 par rapport à l'année précédente, la petite centaine de soignants bénévoles qui se relaient tout au long de la semaine a bien du mal à faire face. « C’est du jamais vu », juge le Dr Thierry Brigaud, président de Médecins du monde.

L’an passé, 29 466 personnes - dont plus de 2 800 mineurs et 93,4% d'étrangers - ont été reçues dans les 21 centres de l’association ; près de 45 000 consultations médicales et dentaires ont été données, soit une hausse de 5 % par rapport à 2011 et de 22 % depuis 2008. C’est l’un des constats alarmants du baromètre annuel sur l’accès aux soins des plus démunis, présenté par l’ONG mardi 16 octobre, à la veille de la journée internationale du refus de la misère.

Moratoire sur les expulsions de Roms

« Près de 99 % des patients vivent en dessous le seuil de pauvreté » (NDLR: 954 euros par mois), souligne Jean-François Corty, directeur des missions France. 72 % déclarent vivre dans la rue ou dans un logement précaire. Des conditions de vie dégradées qui impactent la santé, générant ou aggravant des infections respiratoires (près de 22 % des diagnostics), des pathologies digestives (18 %), ostéoarticulaires (16 %), psychiques ou psychiatriques (11 %). Alors qu’un patient sur dix présente une pathologie à potentiel de gravité (hypertension, diabète, asthme, épilepsie, cancer...), les retards de soin sont toujours aussi importants, s’alarme l’association : ils concernent un tiers des patients; 45 % des femmes enceintes ont un retard dans leur suivi de grossesse.

Si Médecins du monde salue la suppression, par le gouvernement Ayrault, du droit d’entrée annuel de 30 euros pour l’Aide médicale d’État (AME) et l’organisation d’une conférence de lutte contre la pauvreté et les exclusions mi-décembre, l’ONG réclame un moratoire sur les expulsions des campements de Roms, qui se multiplient depuis cet été. L’association demande également un renforcement des permanences d’accès aux soins (Pass), la fusion de l’AME avec la couverture maladie universelle (CMU), dont il faut renforcer l’efficience, le relèvement du seuil de la CMU complémentaire de 650 à 950 euros et la suppression du délit de racolage passif, « qui oblige les prostituées à aller dans des lieux impossibles et les mettent en danger », souligne le Dr Thierry Brigaud. Pour contrôler l’épidémie d’hépatite C chez les usagers de drogue, l'ONG est favorable à l’ouverture de salles de consommation à moindre risque. En période de crise, Médecins du monde insiste sur la nécessité de renforcer la solidarité du système de santé.

Aveline Marques

 

(1) Baromètre basé sur les rapports d’activités des 21 Caso, des équipes mobiles et les témoignages des bénévoles. Consultable ici.

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