Getty Images/iStockphoto/DESKCUBE
Les professionnels de santé libéraux ont jusqu’à la fin de l’année pour s’engager dans des prises en charges coordonnées s’ils veulent toucher les 590 € du forfait versé par l’Assurance maladie pour faciliter l’informatisation des cabinets. Jusqu’alors, ce critère était optionnel. La mesure, voulue incitative, pourrait bien se révéler contre-productive.
Pour l’année 2022, le forfait d’aide à la modernisation et à l’informatisation (Fami)(1) des cabinets — versé par l’Assurance maladie aux professionnels de santé installés en libéral — intègre la participation à des équipes coordonnées dans ses « indicateurs socle ». Autrement dit, les Idels qui ne sont pas, d’ici le 31 décembre 2022, engagées dans des prises en charge pluriprofessionnelles coordonnées (MSP, CPTS ou équipes de soins primaires) ne pourront pas toucher ces 590 €.
Le Fami repose depuis sa création en 2019 sur certains critères obligatoires : disposer d’un logiciel métier compatible DMP, disposer d’une version actualisée du cahier des charges Sesam-Vitale, utiliser la solution Scor pour la télétransmission, atteindre un taux de feuilles de soins électroniques (FSE) au moins égal à 70% et disposer d’une messagerie sécurisée de santé. Jusqu’en 2021, ces cinq indicateurs donnaient droit à une rémunération de 490 €, auxquels s’ajoutaient 100€ pour l’exercice coordonné. Désormais, la somme globale est corrélée à l’ensemble des critères cités. Deux indicateurs optionnels liés à la télésanté perdurent, sous forme de bonus.
Crispations
Annoncée dès l’avenant 6 de 2019, cette mesure risque pourtant de poser problème. « Dans leur majorité, les Idels ne participent pas à des équipes coordonnées », reconnaît John Pinte, président du Sniil. Convergence infirmière estime même que seules 10% des Idels travaillent dans une MSP, 7% en CPTS et 2% en équipes de soins primaires (ESP). « L’Assurance maladie espère nous inciter à nous engager dans un exercice coordonné, mais la solution est mal choisie. Nous souhaitons que le caractère optionnel de cet indicateur soit rétabli », espère Ghislaine Sicre, la présidente du syndicat.
Il paraît hautement improbable que les Idels rejoignent massivement des structures coordonnées d’ici la fin de l’année. « La somme n’est pas particulièrement incitative, glisse John Pinte. Cette mesure risque de démotiver les Idels, alors que la question de l’exercice coordonné est au cœur de l’avenir de la profession. Il faudrait au contraire encourager les soignants à s’y intéresser et à prendre part à la création d’équipes. »
Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat des Idels, cette nouvelle contrainte pourrait même provoquer quelques crispations. « Les collègues qui ne toucheront pas le Fami pourraient décider de ne plus avoir recours aux FSE », anticipe Ghislaine Sicre.
Lisette Gries