Branle-bas de combat à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (APHM). Après la démission du Pr Nicoli, effective depuis le 4 juillet, la filière AVC et son unité neuro-vasculaire connaissent une réorganisation qui suscite une polémique.
L’été promet d’être chaud à l’AP-HM. Depuis le départ fracassant du Pr Nicoli, spécialiste reconnu internationalement et chef du Secteur d'urgences neuro-vasculaires (SUNV), alias stroke center, l’AP-HM essuie une vague de protestations et de questionnement. Pour cause : dans sa lettre de démission datée du 31 mars, François Nicoli dénonce « l'insuffisance flagrante et persistante des moyens médicaux et humains alloués à [son] service ». A ses yeux, la qualité des soins en pâtirait.
L’ex-chef de service pointe le système de gouvernance actuel du monde hospitalier, organisé sous forme de pôles d’activité médicale. Ce cloisonnement serait, selon ce dernier, source de conflits « dès lors que l’on ne dispose pas d’un réseau influent ». Ce qui expliquerait, toujours d’après le Pr Nicoli, les refus de sa hiérarchie d’accéder à ses demandes, en l’occurrence le recrutement pour son service de praticiens qu’il juge compétents et la mutation du SUNV vers le pôle « urgences ».
Audit « concomitant »
Faux, rétorque l’APHM. « Nous suivons seulement les recommandations de l’audit de la Société française neuro-vasculaire (SFNV), objecte Pierre Pinzelli, directeur de l’hôpital de La Timone, où se situe le SUNV. Les experts ont estimé qu’il n’était pas opportun de changer de pôle. » Quant aux moyens accordés au service du Pr Nicoli, spécialisé dans la thrombolyse, le directeur admet une évolution : « La garde reposait sur un nombre très étroit de professionnels. Depuis le départ de M. Nicoli, la garde a été élargie. » Mais là encore, le chef d’établissement invoque l’audit de la SFNV. Ce document (dont nous n’avons pour l’heure pas pu obtenir de copie) « a été déclenché il y a trois mois et rendu environ depuis un mois, assure le directeur. Nous n’avons pas attendu le départ de M. Nicoli pour demander cet audit. Les choses se sont faites concomitamment. »
Fusion de services
Le départ du Pr Nicoli soulève bon nombre de questions. D’autant qu’un collectif d’urgentistes de la région Paca s’est fendu d’un courriel de soutien en faveur de l’ex-patron du stroke center de La Timone. « Le système mis en place ces dernières années a montré son immense efficacité, mais le coup de tonnerre sanitaire actuel semble aujourd’hui tenir plus d’une désorganisation administrative volontaire que d’un quelconque souci de dysfonctionnement à nos yeux », ont-ils ainsi écrit le 21 juin. Et le Pr Nicoli d’enfoncer le clou : « Moins de dix jours avant mon départ, la relève n’était pas prévue », s’étonne-t-il en effet.
Pour sa part, le directeur Pinzelli se veut rassurant : « Il n’y pas d’inquiétudes à avoir pour la population pour la prise en charge des AVC. » Cette réorganisation soudaine devrait, selon le chef d’établissement, aboutir à « des améliorations », notamment la fusion de deux services (l’un dédié aux AVC en général, l’autre à la prise en charge par thrombolyse) qui fonctionnaient jusqu’alors de façon parallèle. « La prise en charge des AVC à l’AP-HM est assurée dans le respect des règles de sécurité en vigueur, par des praticiens spécialistes et compétents, 24h sur 24 et 365 jours par an », promet la direction. A suivre donc...
Marjolaine Dihl