Fin juin, la Fédération de l’hospitalisation privée lançait un appel visant à réformer la formation des infirmières. Surprenant, à l’heure où le nouveau référentiel de formation est encore en phase de rodage… Explications du président, Jean-Loup Durousset.
« Les jeunes cherchent du travail, les employeurs cherchent des infirmières, mais les uns et les autres ne se rencontrent pas. » C’est ce constat qui pousse Jean-Loup Durousset, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) à vouloir réformer la formation des infirmières. Dans un communiqué de presse daté du 28 juin dernier, la FHP dénonçait en effet la faiblesse des quotas d’admission en première année d’études préparatoires au diplôme d’Etat infirmier et réclamait une réforme des études infirmières.
Avec seulement 107 places de plus ouvertes en première année d’Ifsi par rapport à l’an dernier (30 846 contre 30 739), le quota 2011-2012, semble insuffisant à la FHP pour couvrir « tous les besoins des acteurs ». Et la fédération de s’étonner que les établissements de santé privés ne soient pas « questionnés sur l’identification de leurs propres perspectives d’emploi infirmiers ».
Rehausser les quotas
« A l’issue du concours, 30 000 candidats sont retenus pour intégrer l’Ifsi chaque année », rappelle Jean-Loup Durousset à Espaceinfirmier.com. « Mais par la suite, seules 27 ou 28 000 infirmières suivent le cursus jusqu’à son terme, et 24 000 d’entre elles sont finalement diplômées. Il y a donc 20% de pertes entre l’objectif de départ et le chiffre d’arrivée. Partant de ce constat, pour atteindre les 30 000 infirmières à la sortie de l’école, il faudrait en accepter 36 000 à l’entrée », argumente le président de la FHP. Or, le financement des Ifsi relève du conseil régional. « Les quotas imposés à leur entrée sont donc rythmés par le budget régional consacré à la formation des paramédicaux, et déconnectés des véritables besoins en IDE », déplore Jean-Loup Durousset, pour qui établissements et professionnels devraient être intégrés à la réflexion sur l’évolution de ces quotas.
"Le métier infirmier ne justifie pas des années universitaires"...
Les raisons qui poussent les apprenties infirmières à abandonner leurs études avant la fin de leur cursus sont une autre question à prendre en compte, plaide-t-il. « Si ces raisons sont d’ordre financier, on devrait pouvoir les aider. Le contrat d’apprentissage alterne des périodes de cours et une activité rémunérée en établissement. Il est une bonne réponse à ce problème, même s’il ne suffit pas », estime-t-il. A côté de la problématique financière, Jean-Loup Durousset dénonce celle de la nature des études, qu’il juge trop sélectives. « Relever le niveau des infirmières par la poursuite d’années universitaires n’est pas nécessaire, car le métier ne le justifie pas. Ce qu’on veut, c’est des jeunes dont les qualifications correspondent à la fiche de poste. » Selon lui, la formation doit par ailleurs s’adapter à la variété de ses aboutissements (infirmière scolaire, infirmière de santé au travail etc.). Il prône donc une pluridisciplinarité des enseignements, faisant intervenir des professionnels divers, provenant notamment du médico-social et des écoles.
Pour une VAE infirmière
Pour augmenter le nombre d’infirmières sur le marché du travail, les propositions de Jean-Loup Durousset ne s’arrêtent pas là. Il préconise un renforcement de la reconnaissance des équivalences professionnelles. Selon lui, une aide-soignante pourrait très bien devenir infirmière par validation de ses acquis. « Du fait de son expérience, celle-ci serait par exemple dispensée de certains stages habituellement nécessaires pour accéder à la profession d’IDE », explique-t-il. Le système de validation des acquis d’expérience mis en place par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 avait volontairement exclu le métier d’infirmier, pour ne pas favoriser l’exercice illégal de la profession, rappelle-t-on.
Annabelle Alix
Photo: DR