Depuis 2009 et la loi HPST, les infirmières libérales sont représentées dans les ARS. Leurs premiers pas ne s'y font pas sans difficulté.
Les politiques de santé forment un continent montagneux. En guise de sommets, des sigles foisonnants (ARS, PRS, CRSA, CPOMS) et des textes souvent complexes (loi HPST, Code de la santé publique). En guise de vallées, des secteurs fort disparates, allant du handicap à la prévention des chutes, en passant par la sécurité ou la contraception. Deux des douze infirmières libérales élues à l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) en Lorraine ont fait part, fin octobre à l'occasion du Salon infirmier, à Paris, des difficultés à gravir les cîmes au sein de leur Agence régionale de santé (ARS).
Il leur a fallu fonder une association. Suivre une formation. Trouver un local. Recruter une assistante. Dénicher du temps pour se rencontrer, en plus de leur pratique infirmière et de leurs autres engagements (syndicaux et éventuellement ordinaux) et malgré les distances.
« Assoir sa place »
Pour se repérer dans ce monde « très obscur » et « qu'on n'imagine même pas » avant d'y pénétrer, selon la présidente de l'URPS lorraine, Claudine Gillant, les médecins, eux, n'ont plus besoin de sherpa. « Ils ont déjà l'habitude de négocier, de proposer », constate Philomène Camiolo, autre infirmière élue à l'URPS. Ces collèges, qui représentent en région chaque profession libérale de santé, ont été créés dans la loi HPST de 2009. Celui des infirmières lorraines a un an et demi. Pour les médecins, les URPS succèdent aux Unions régionales des médecins libéraux (URML), créées quinze ans auparavant. Face au corps médical, l'infirmière doit donc « assoir sa place ».
Cela passe, par exemple, par cette initiative de l'URPS des infirmières libérales lorraines : avoir organisé des réunions avec d'autres URPS (celles des pharmaciens, des sages-femmes, des médecins), des ordres et l'ARS pour une campagne d'information sur la grippe saisonnière. Avec l'intention, en particulier, de mieux tracer les vaccinations, d'autant que les infirmières sont désormais habilitées à vacciner contre la grippe, sans prescription médicale (hors primo-injection), les personnes à risque et les plus de 65 ans.
Chargées de contribuer au pilotage par l'ARS des politiques de santé, les URPS pourraient se saisir d'autres domaines du soin. « Le rôle de soignant ne s'arrête pas à un acte », estime Claudine Gillant. « Le rôle propre infirmier a plus de trente ans, il n'est pas encore dans les têtes », renchérit Philomène Camiolo. Pour organiser l'offre de soins et défendre l'autonomie infirmière, ces deux praticiennes entendent bien soulever des montagnes.
Mathieu Hautemulle