26/05/2009

L'asthme professionnel des infirmières

L’asthme reste un des premiers risques professionnels pour les infirmières. Une étude vient d'être publiée sur le sujet. Interview deGeorges Delclos, chercheur au département de santé publique de l’Université de Caroline du Nord à Charlotte (États-Unis) et co-auteur de cette étude.

Est-il ou non possible de dire que la proportion d’asthme chez les infirmières, est deux fois supérieure à celle constatée chez les autres professionnels de santé ?
 
Selon notre étude*, la fréquence de l’asthme chez les infirmières du Texas est deux fois supérieure à celle constatée dans les trois autres métiers étudiés : médecins, professionnels des troubles respiratoires et de la santé au travail. Il y a peu de raison de croire que ces chiffres différeraient dans d’autres Etats des Etats-Unis.
Mais le risque pourrait être plus grand ou plus faible, selon les cas, si cette comparaison portait sur d’autres groupes du secteur de la santé : techniciens de laboratoire ou de radiologie, personnels de ménage, etc.
Il faut aussi rappeler les derniers résultats de l’Étude sur la Santé respiratoire de la Communauté européenne. Elle porte sur 140.000 personnes de 22 pays. Elle montre aussi combien les infirmières sont une population à risque d’asthme professionnel.

Comment diminuer ce risque ?
Il y a plusieurs moyens. Il faut d’une part développer la conscience de ce risque chez les soignants et leurs employeurs. Il faut d’autre part mettre en œuvre, au quotidien, une hiérarchie de contrôles classique en matière de risques professionnels. Elle consiste à substituer les produits contenant des substances chimiques à risque à chaque fois que c’est possible. Si cela ne l’est pas, il faut mettre en place des stratégies de contrôle : protéger par une isolation ou automatiser des tâches de nettoyage des instruments par exemple. Si ces deux types de mesures ne suffisent pas, on peut  recourir à des contrôles administratifs : limiter le temps passé par chaque agent à des tâches reconnues comme favorisant l’asthme. En cas d’échec de toutes les autres mesures, on utilisera des équipements de protection personnelle comme des respirateurs, utiles pour des produits contenant des allergènes comme le glutaraldéhyde et le formol.

Est-il encore nécessaire de diminuer l’usage des gants de latex poudrés ?
Nous avons constaté une diminution du risque après l’an 2000 aux États-Unis. Elle est due à la mise en place de politiques de contrôle de l’usage du latex dans les hôpitaux de notre pays. Elle fut associée à la fabrication de gants de latex présentant moins de risque, c’est-à-dire non poudrés ou pourvus d’une poudre hypoallergénique. Nous ignorons si de telles politiques ont été menées à bien dans les autres pays.

Faut-il agir aussi sur l’usage de colles et de solvants ?
Nous avons constaté cet excès de risque dans toutes nos publications. Nous avons aussi mis en garde. Comme ces tâches à risques font partie des plus souvent mentionnées, à notre connaissance, des recherches complémentaires sont nécessaires pour permettre de conclure sur ce point crucial.

Propos recueillis par Richard Belfer

* Pour en savoir plus, lire l'actualité L’asthme au top des risques du métier, en date du 19/05/2009 sur www.espaceinfirmier.com

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