Association JNA
Augmentation du télétravail, hausse du temps d’écoute avec un casque ou des écouteurs, difficultés de compréhension avec les masques pour les personnes déjà fragilisées, report des rendez-vous de bilans auditifs… Attention à vos oreilles !
Depuis un an, la Covid-19 a envahi le quotidien des Français avec des impacts sur l’état de leur santé globale. Selon le dernier baromètre Ifop-JNA*, réalisé à l’occasion de la 24e Journée nationale de l’audition, qui s’est tenue le 11 mars, 12 % des interviewés avaient l’intention de réaliser un bilan auditif complet mais ont dû reporter leur rendez-vous à cause de la crise sanitaire.
LES PLUS MODESTES MOINS BIEN SUIVISIls sont 23 % à avoir réalisé un bilan il y a plus de cinq ans et 18 % il y a moins de cinq ans. Globalement, un Français sur deux n’a toujours pas réalisé de bilan complet de son audition. « Les catégories les plus modestes sont celles qui consultent le moins, souligne Sébastien Leroy, porte-parole de l’association JNA. Dans l’esprit de la population, les prothèses auditives demeurent chères alors que ce frein a été levé avec le dispositif de remboursement des prothèses auditives “100 % santé”. Mais il est encore mal connu et l’un de nos axes prioritaires est de pousser l’information dans ce sens, notamment en direction des jeunes et des catégories les plus pauvres. » En effet, 69 % des moins de 35 ans déclarent ne pas avoir entendu parler de ce dispositif, 61 % des ouvriers et 64 % des catégories pauvres alors que 65 % des catégories aisées en ont connaissance. Des disparités très importantes.
ÉCOUTE AU CASQUE INTENSIFIÉE ET TROUBLES AUDITIFS« La montée en puissance du télétravail avec plusieurs heures par jour d’écoute avec des écouteurs ou un casque est une nouvelle problématique professionnelle, estime Laurianne Rossi, présidente du Conseil national du bruit (CNB) et députée des Hauts-de-Seine. Nous avons moins d’expositions aux bruits extérieurs mais davantage de bruit dans les logements et de temps devant les écrans. Le bruit altère l’audition mais cela va bien au-delà. L’audition doit devenir un véritable enjeu de santé publique. » Selon le baromètre, 23 % des télétravailleurs à temps plein utilisent un casque ou des écouteurs minimum 2 heures par jour (vs 12 % en moyenne) et 65 % indiquent que cette durée d’écoute quotidienne s’est intensifiée avec la crise sanitaire (vs 39 % en moyenne). Avec ces pratiques, plus d’un tiers des télétravailleurs quotidiens ont ressenti souvent des troubles auditifs suite à l’usage de ces appareils (casques, écouteurs), soit presque le triple de la moyenne.
DIFFICULTÉS DE COMPRÉHENSION ACCRUESPlus globalement, le télétravail et la formation en distanciel ont amplifié les difficultés de compréhension de la parole. Les télétravailleurs sont 38 % à rencontrer ces difficultés lors des réunions de travail et 28 % lors de discussions en visioconférences avec des proches. Ce sont 19 % des lycéens, étudiants et actifs qui ressentent des difficultés lors des sessions d’enseignement à distance. Même si la qualité des matériels d’écoute s’est fortement améliorée, seuls 10 % des personnes utilisent souvent des oreillettes ou un casque avec une réduction de bruit. Par ailleurs, 81 % des interviewés estiment que le port du masque sanitaire complique la compréhension de la parole. Ce chiffre atteint 91 % pour les 15-17 ans et 89 % pour les 18-24 ans. « Aujourd’hui, les masques transparents, inclusifs, qui permettent la lecture labiale sont plus chers, ce qui pénalise les malentendants, souligne Sébastien Leroy. Il faut réfléchir à d’autres masques, renforcer et aider le travail des associations de patients car nous serons probablement amenés à porter plus souvent des masques dans l’avenir, rien que pour la pollution de l’air. »
Isabel Soubelet
* L’enquête en ligne a été menée du 9 au 12 février 2021 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes représentatives de la population française âgées de 15 ans et plus.