L’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) a lancé hier une campagne nationale pour inciter les professionnels de santé à s’engager dans la réserve sanitaire.
Créé en 2007 pour secourir les populations lors des crises sanitaires exceptionnelles, en France et dans le monde, l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), qui dépend du ministère de la santé, a lancé hier une campagne nationale de recrutement pour se faire connaître, et inciter les professionnels de santé à s’engager dans la réserve sanitaire. « Aujourd’hui, la réserve sanitaire est constituée de près de 3 300 professionnels de santé (…) notre objectif est de porter ce nombre à 10 000 d’ici la fin de l’année » explique le directeur général de l’Eprus, Thierry Coudert.
Intitulée « avec l'Eprus, prenons l'urgence de vitesse », la campagne s'adresse à tous les professionnels de santé - en activité, retraités depuis moins de cinq ans, ou étudiants en fin de formation – soit, potentiellement, à près de 2 millions de personnes. Un spot TV est diffusé jusqu’au 18 mars prochain sur plusieurs chaînes, et des annonces vont être publiées dans la presse spécialisée.
Réserve sanitaire mode d’emploi
« L’engagement dans la réserve sanitaire relève du volontariat », explique le Dr Bruno Lartigue, chef de la réserve sanitaire. Les professionnels de anté volontaires signent un contrat de trois ans avec l'Eprus, et une convention est établie avec leur employeur, s’ils sont salariés. Ils sont alors formés, et peuvent, selon les besoins, et s’ils sont disponibles, être appelés pour des missions d’une durée moyenne de dix jours – les missions ne pouvant dépasser les quarante-cinq jours par an.
Jusqu’à aujourd’hui, les plus nombreuses à avoir à l’appel de l’Eprus ont été… les infirmières ! Elles constituent à elles seules plus de la moitié des effectifs de la réserve sanitaire – elles sont 1685 très précisément. « Plus généralement, 60 % des réservistes sanitaires sont des professionnels en activité, et 40 % sont des retraités », rajoute Bruno Lartigue. « Les trois quarts d’entre eux sont des salariés, le quart restant est constitué de libéraux – un pourcentage moindre somme toute logique, car il est plus difficile pour un libéral de quitter, même pour quelques jours, son cabinet, que pour un salarié de s’absenter de son service », note-il.
Des missions de terrain variées
Pour le moment, l’essentiel des missions de l’Eprus se sont déroulées à l’étranger. En France, l’organisme a mené seulement deux actions : des réservistes ont été mobilisés lors du sommet du G20 en novembre 2011, et cet hiver, 36 médecins retraités réservistes ont participé aux équipes de maraude durant la période de grand froid. A l’étranger, les missions des réservistes ont essentiellement concerné le soutien psychologique, comme à Haïti ou en Thaïlande, et la chirurgie orthopédique. L'Eprus a aussi participé l'année dernière à une mission de conseil auprès d'un hôpital de Benghazi en Libye, le Benghazi Medical Center.
Au total, en 2011, 91 réservistes de l’Eprus ont été mobilisés. De prime abord, une réserve de 3 300 professionnels pourrait donc paraître suffisante. « Mais, rétorque Bruno Dartigue, on ne sait jamais - il peut se produire des crises sanitaires très diverses nécessitant des savoir-faire très spécifiques. Ou des crises de grande ampleur type pandémie de grippe H1N1. » Par ailleurs, poursuit-il, la réserve de l’Eprus manque de certains professionnels – cadres administratifs et infirmières spécialisées notamment. « Qui plus est, précise le chef de la réserve sanitaire, augmenter notre nombre de réservistes, c’est aussi se donner la possibilité de ne pas “déranger” toujours les mêmes, de perturber le moins possible la vie des services de soins hospitaliers qui fonctionnent déjà à flux tendu. »
Hier, alors même que la campagne de recrutement commençait, dix-neuf réservistes sanitaires (neuf médecins dont trois chirurgiens, sept infirmiers, un pharmacien et deux aides-soignantes) sont partis pour Brazzaville, la capitale du Congo, frappée dimanche par une série d'explosions meurtrières dans un dépôt de munitions.
Emmanuelle Debelleix