La compagnie de cirque québécoise les Sept doigts de la main est de passage en France avec son spectacle « Psy », où les maladies mentales sont portées par des corps d’athlètes et des aspirations d’artistes.
Sortez de votre tête les animaux fatigués et les seaux d’eaux lancés à la figure des clowns peinturlurés. Le cirque que pratique la compagnie québécoise des Sept doigts de la main depuis neuf ans n’est l’héritier de personne, si ce n’est de tout ce qui fait vibrer le monde d’aujourd’hui. Indépendant jusqu’au bout des ongles, c’est en toute logique que son tout dernier spectacle, proposé à la Grande Halle de la Villette à Paris jusqu’au 30 décembre (puis en province), explore l’univers de la santé mentale.
« Psy » est porté par onze artistes, qui chacun incarne une facette de la folie. Forcément, ça débute dans un cabinet de psy, banquette à l’appui. Le décor semble posé. Mais la séance de trapèze “schizophrène” met à mal tous les repères spatiaux avec lesquels on est entré. Parlons de séance plutôt que de numéro, tout étant savamment chorégraphié et lié. La bande son, parfaitement étudiée, contribue elle aussi à créer l’univers moderne et parfois trash du show. On rit souvent, dans ce qu’on imagine très bien être une psychothérapie de groupe. Et on se surprend à sourire aux « patients » qui captent votre regard, sur le conseil du psy en pull rouge.
"Mariage acrobatique du corps, de l'esprit et de l'âme"
Danse contemporaine à tendance hip hop, voltige, cabaret, humour, poésie, vidéos... Tout est bon pour signifier l’indicible, et nous guider dans le labyrinthe forcément un peu sombre de ce cerveau dont on sait encore si peu. Les agrès et les accessoires traditionnels du cirque sont bien là, mais détournés, comme pour mieux matérialiser la folie, ce petit grain de sable qui vient bouleverser la vie. Couteaux à jongler pour Suzy l’explosive, pluie de massues pour l’amnésique, ou trapèze de Lily l’agoraphobe planant à dix mètres au-dessus de ses congénères, Claire et ses troubles du sommeil présentés à la verticale sur un mât chinois. L’addiction est, quant à elle, représentée avec beaucoup de force par une démonstration de roue allemande, double cerceau de métal qui fait tourner le corps de l’artiste sur lui-même jusqu’au vertige. Il fallait trouver une fin : le show se termine en une immense jonglerie de groupe, où les massues blanches rebondissent et prennent de l’altitude. Une lueur d’espoir sur les ennuis qui s’envolent.
Candice Moors
« Psy » jusqu’au 30 décembre à Paris au Parc de la Villette, mais ensuite du 4 au 8 janvier à Toulouse, du 12 au 15 janvier à Elboeuf. Toutes les dates de la tournée française sur http://7doigts.com/fr/spectacles?show_id=3