L’Europe encadre le don d’organes

27/09/2010

L’Europe encadre le don d’organes

L’Union européenne a adopté cet été une directive destinée à encourager le don d’organes, ainsi qu'à normaliser les procédures et la traçabilité.

«C’est la première fois que je vois une directive européenne passer si rapidement», commente le Dr Francis Montané, délégué général aux affaires européennes et internationales du Conseil national de l’ordre des médecins. Devant les risques de transmission de maladies, de pénurie et de trafic d’organes, les pays membres sont parvenus à adopter une directive, parue au Journal officiel de l’Union européenne le 6 août dernier, qui vise à garantir des normes de qualité et de sécurité élevées tout au long de la chaîne, du don à la transplantation. La directive (1) vise ainsi à rendre les organes disponibles sur l’ensemble du territoire de l’UE et à normaliser les procédures et la traçabilité des dons d’organes.
 
Le sujet est sensible car chaque pays aborde la question à sa façon, en fonction de sa culture et de ses institutions. Alors que le don d’organes va croissant – en France, on est passé de 3211 greffes en 2000 à 4580 en 2009 (2) –, les Etats ont conscience que l’organisation des prélèvements et de tout le processus menant à la transplantation doit s’affiner pour atteindre un rythme plus soutenu, tout en assurant un niveau de qualité optimal. On estime entre 40 et 50 par million d’habitants le nombre potentiel de donneurs au sein des Etats membres.
 
Vérité au-delà des Pyrénées ?

La directive européenne s’inspire, notamment, de l’exemple espagnol, pays en pointe dans ce domaine depuis 1992. «L’Espagne a fait le constat que les campagnes d’information du public sont nécessaires mais nettement insuffisantes pour augmenter le don d’organes. C’est ce qui l’a conduite à mettre en place un système très performant», explique le Dr Montané. Avec un taux de 35 dons par million d’habitants, l’Espagne se distingue en particulier par un réseau de coordinateurs de transplantation à trois niveaux: national, régional et hospitalier.
 
La France, avec un taux de prélèvement de 23,2 en 2009, est également bien placée depuis quelques années, même si ce taux stagne. Comme les ingrédients de la réussite espagnole ont été intégrés au système français, «les conditions de la directive ne seront pas difficiles à mettre en place en France», assure le Dr Montané, qui estime à deux-trois ans le délai de sa transposition au sein de l’Union. Les problèmes les plus criants sont rencontrés dans les pays entrés récemment dans l’UE. Mais, tempère le spécialiste, «tous les pays dont très sensibilisés et expriment une forte demande de normalisation en raison notamment des besoins liés à la progression des actes de chirurgie. La transposition de la directive devrait donc être assez rapide.»
 
Claire Pourprix
Photo: Couperfield-Fotolia.com


1- Directive relative aux normes de qualité et de sécurité des organes humains destinés à la transplantation (disponible ci-dessous).  
2- Source: Agence de la biomédecine.

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