Intervenant devant un aéropage de cadres de santé fin janvier, l'ancien patron de la Dhos et actuel président du Haut conseil des professions paramédicales a exprimé ses craintes pour l'avenir de l'hôpital dans un contexte financier difficile.
« On va donc consacrer la dimension hôpital-entreprise, ce qui entraînera des réformes de la gouvernance. Cela peut aboutir au pire comme au meilleur, selon ce qu’on en fait », a lancé l’ancien directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (1) Edouard Couty, en préambule de son intervention devant près de 500 cadres de santé réunis à Montpellier fin janvier (2). « Ce qui pose difficulté pour moi, c’est la convergence tarifaire entre le secteur privé et le secteur public. On risque d’y trouver des effets indésirables. Il pourrait en découler des conséquences fâcheuses pour la qualité des soins comme le raccourcissement des séjours, la sélection des patients, la recherche des segments d’activité les plus rentables, etc. », a poursuivi le président du Haut conseil des professions paramédicales, par ailleurs enseignant à Science-Po Paris.
Gare à la démobilisation des soignants
Dans le cadre de la refonte de l’hôpital public contenue dans la loi HPST, Edouard Couty a mis en garde contre les risques inhérents à des décisions de gestion à court terme, limitant les établissements dans leurs choix d’investissements et dans leur autonomie. A propos de la pratique quotidienne des professionnels de santé, il a pointé un risque de déresponsabilisation : « Il sera demandé de devenir interchangeables. L’élaboration du projet de soins devenant dépersonnalisée, il pourrait y avoir une réduction de la démarche d’adhésion. Et par la suite, une démobilisation des soignants, des souffrances au travail, la création d’un sentiment d’indifférence à l’institution et à ses valeurs », a-t-il énuméré, avant d’ajouter cependant: « L’Hôpital a en lui les ressources de son évolution. Il faut le réinventer. »
Dommage que la loi HPST « ne parle presque pas des cadres de santé », dont le rôle est pourtant « essentiel », a encore déploré M. Couty, qui s’est montré sensible aux difficultés rencontrées par les professionnels encadrants du secteur de la santé, notamment leurs problèmes de reconnaissance, leur position difficile, confrontée à des pressions venant du « haut » comme du « bas ». D’où l’importance, a-t-il estimé, que les pouvoirs publics, à l’heure de prendre des décisions, en passent « par l’écoute des professionnels et des patients ».
Texte et photo: Laure de Montalembert
1 – Avec l’adoption de la loi HPST, portant réforme de l’hôpital, la Dhos est devenue DGOS, soit Direction générale de l’offre de soins.
2 – A l’occasion des 15e Journées d’études des cadres de santé les 20 et 21 janvier.