L'hôpital gangrené par l'absentéisme

03/06/2013

L'hôpital gangrené par l'absentéisme

Le taux d'absentéisme au sein des établissements hospitaliers, 2 à 4 fois supérieur à celui des autres secteurs économiques, n'a cessé de progresser ces dernières années. Un diagnostic a été posé dans le cadre des Salons de la santé et de l'autonomie, jeudi 30 mai, à Paris.

En 2011, le nombre d'arrêts maladie des membres du personnel hospitalier a augmenté de 7 %, selon une étude menée par l'assureur Sofaxis, dévoilée fin 2012. Une tendance à la hausse constatée depuis 2007. « L'hôpital est le secteur le plus touché par l'absentéisme. Il y est 2 à 4 fois supérieur à celui des autres secteurs », a relevé Frédéric Kletz, maître-assistant à l'Ecole des mines, lors d'une conférence qui s'est tenue dans le cadre des Salons de la santé et de l'autonomie, jeudi 30 mai, à Paris.

A des degrés divers, toutes les catégories de professionnels sont concernées. « Plus le métier est qualifié, moins il y a d'absences, a estimé Colette Mauger, cadre supérieure de pôle au CHU de Rouen. Les infirmières sont moins concernées que les aides-soignantes et ASH et les cadres encore moins. » « Le corps médical commence à avoir un taux d'absentéisme équivalent à celui des paramédicaux », a noté un directeur d'hôpital adjoint, présent dans la salle.

Sous-effectif

Si le phénomène n'est pas nouveau, il est plus que jamais d'actualité, compte tenu des difficultés économiques et des problèmes de sous-effectif des établissements. « Pour le CHU de Rouen, l'absentéisme c'est 24 millions d'euros de paie par an qu'il faut verser à des agents qui ne sont pas là, et que l'on doit remplacer », a révélé Asmahane Khelfat, DRH adjointe.

Si le monde hospitalier s'accorde sur les enjeux de l'absentéisme, sa définition est plus problématique. Pour Olivier Liaroutzos, de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), l'absentéisme renvoie à des notions de fréquence, de présence sur le lieu de travail et de participation. « Il est difficile à mesurer car il y a plusieurs types d'absence », prises en compte ou non par les établissements et rendant les comparaisons impossibles, a-t-il souligné.

Manque de reconnaissance

Pour réaliser un diagnostic de l'absentéisme à l'hôpital, une étude a été menée dans dix établissements des Pays-de-la-Loire. Durant trois ans, plus de 500 entretiens ont été conduits, essentiellement auprès du personnel soignant, par une équipe composée de sept chercheurs en gestion et d'un ergonome. Paradoxalement, a remarqué Frédéric Kletz, « personne n'a cité les troubles musculosquelettiques ou la pénibilité comme une cause d'absentéisme. La problématique est avant tout organisationnelle. »

La gestion de l'absentéisme a été mise en cause. « Si la personne qui remplace n'est pas bien formée, tout le monde est perdant », a développé le maître-assistant. Le manque d'implication et de reconnaissance du travail des soignants par les médecins a été fréquemment évoqué. Tout comme l'éloignement des cadres. « Ils ne sont pas sur le terrain, mais en réunion ou derrière leur ordinateur à alimenter l'appareil de gestion », a rapporté Frédéric Kletz.

Mobilité forcée

Différentes solutions ont été mises en place dans les établissements : charte de l'absentéisme définissant des règles en la matière, limitation des mobilités forcées, mise en place d'un pool de remplaçants ou encore d'entretiens de retour pour les arrêts maladie de longue durée. Les résultats du projet Phares (1)  devraient être publiés dans les semaines qui viennent sur les sites Internet de l'ARS Pays-de-la-Loire et de la FHF.

Aveline Marques



1- Projet hospitalier ligérien sur l'absentéisme, recherche, intervention, efficience et organisation, santé au travail.

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