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26/10/2023

L’Inter-Clud de l’Indre forme les soignants à la douleur

En marge de la journée mondiale de lutte contre la douleur du 17 octobre, l’Inter-Comité de lutte contre la douleur (Inter-Clud) du Groupement hospitalier de territoire (GHT) de l’Indre a organisé le 20 octobre à Châteauroux, une formation à destination des professionnels de santé. Le point avec Muriel Perriot-Morey, infirmière clinicienne au Centre hospitalier de Châteauroux-Le Blanc et membre de la Commission professionnelle infirmière de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD).

Dans quel contexte cette journée de formation a-t-elle été organisée ?

Au sein de l’Inter-Clud de l’Indre, nous avons réfléchi à un moyen de développer la prise en charge de la douleur tout en créant du lien entre les professionnels de santé investis. Notre objectif est de les former au cours d’une journée dédiée, gratuite, permettant de tous les rassembler afin également de les faire se rencontrer.

Nous renouvelons cette journée tous les ans depuis trois ans, et chaque année, davantage de soignants à savoir des infirmiers, des médecins, des pharmaciens, des aides-soignants ou encore des psychologues, se mobilisent. Nous sommes passés de 80 personnes la première année, à 180 l’année dernière puis 250 cette année.

Quelles ont été les thématiques abordées la semaine dernière ?

Bien entendu, le fil conducteur repose toujours sur la douleur. Cette année, la matinée a été consacrée au travail collaboratif entre la ville et l’hôpital dans la prise en charge en cancérologie. Deux médecins, à savoir un oncologue hospitalier et un médecin généraliste, nous ont partagé leur point de vue accompagnés par une Infirmière en pratique avancée (IPA), qui travaille en service hospitalier tout en réalisant des consultations communes avec le médecin en libéral, afin notamment de créer du lien. Nous avons également abordé la question du patient douloureux chronique et de l’activité physique avec deux intervenants qui en ont expliqué l’importance plus particulièrement chez les patients lombalgiques chroniques et ceux atteints de fibromyalgie.

L’après-midi, nous nous sommes concentrés sur la souffrance des soignants liées à deux problématiques principales. Tout d’abord l’absence de moyen dédié leur permettant d’accomplir correctement leur travail et l’exigence croissante des patients. Le philosophe Alexis Ribereau a ainsi rappelé que la souffrance du soignant apparait dès lors qu’il existe un écart entre ce que nous nous attendons pouvoir accomplir en tant que soignant et la réalité du terrain. Cet écart existe aujourd’hui face à des patients devenus des consommateurs de la santé. Le Dr Jean-Philippe Fouquet, sociologue, a quant à lui pointé que les soignants, des humains au service des humains, doivent aujourd’hui taire leur souffrance, souvent en lien avec un management de proximité pris par une direction imposant des organisations inadaptées, voire inatteignables sous prétexte d’objectifs de rentabilité. Nombre de soignants se retrouvent dans des situations de travail absurdes avec une perte de sens, sans pouvoir s’en plaindre.

Quels sont les principaux enseignements de cette journée ?

Il faut investir davantage dans la lutte contre la douleur et mettre plus de moyens notamment dans les nouveaux métiers tels que les IPA, qui permettent de créer du lien entre les acteurs. Il faut aussi travailler à déculpabiliser les soignants, qui regrettent souvent de ne pas pouvoir faire taire l’ensemble des douleurs des patients quand bien même l’intégralité des douleurs chroniques ne peut pas l’être. Il faut désormais parvenir à accepter cet écart entre nos prises en charge et l’idéalisation de notre fonction, qui peut générer de la frustration et un sentiment d’impuissance.

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