Quelques jours après l’agression de deux soignantes à Marseille, l’ordre infirmier vient d’annoncer le lancement d’un outils permettant aux salariés comme aux libéraux de déclarer en ligne les incidents.
Les faits se sont déroulés samedi 21 juillet, à la clinique Bouchard, à Marseille. Un patient de 45 ans, en soins intensifs, reçoit la visite de trois membres de sa famille, rapporte le quotidien La Provence. Le ton monte quand les visiteurs reprochent à une anesthésiste la qualité de la prise en charge de leur proche, tandis que cette dernière leur rappelle que le règlement limite à deux le nombre de visiteurs en chambre. Une jeune fille de 21 ans et son frère de 14 ans en viennent aux coups, frappant le médecin au visage. Une infirmière s’interpose, elle est également violentée. Bilan de l’agression : une ITT de cinq jours pour le médecin, et de deux jours pour l’infirmière.
L’incident n'a rien d'exceptionnel. En mai, une autre agression de soignants avait fait grand bruit : celle d’un médecin et de plusieurs membres du personnel des urgences de Grenoble. Et il y a une semaine, une infirmière libérale avait été prise en otage par un patient à son domicile, dans la banlieue de Nancy. Sans compter les insultes et menaces, presque quotidiens dans les services. Selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la violence en milieu hospitalier (ONVH), 5 760 faits de violence ont été recensés en 2010 dans les établissements déclarants ; c’est 13 % de plus que l’année précédente. Les infirmiers, en contact permanent avec les patients, sont évidemment concernés. Mais, dans quelle mesure ?
« Sous-déclaration »
« Soucieux de faire reconnaître les violences dont sont victimes les infirmiers », l’ONI vient d’annoncer, ce mercredi 25 juillet, la création de son Observatoire des violences envers les infirmiers (OVI). Un outils qui permettra aux « victimes ou témoins de violence, quel que soit le mode d’exercice, de remplir une fiche de signalement en ligne », précise un communiqué. Y compris ceux dont l’établissement ne collabore pas avec l’ONVH, ainsi que les infirmiers libéraux. Seul impératif : être inscrit à l’ordre, car la déclaration se fera à l’aide du numéro ordinal. Les statistiques ainsi collectées seront intégrées au rapport annuel de l’ONVH. Ce recensement permettra également, précise le communiqué, « d’identifier les lieux et les conditions où ces actes sont le plus souvent perpetrés et mettre en place les actions de prévention et de répression qui s’imposent », notamment pour les libéraux, qui rechignent souvent à cesser leurs activités.
Emmanuel Boularand, chargé de projet « violences » à l'ONI, espère que ce nouvel observatoire résoudra « le problème de la sous-déclaration ». Les plaintes sont, en effet, loin d’être systématiques : sur les milliers de faits déclarés en 2011, seules 43 condamnations ont été prononcées par les tribunaux, pourtant sévères. Via son observatoire, et son réseau de correspondants départementaux, l’ordre propose ainsi d’apporter « conseils, assistance et soutien aux victimes, notamment en se constituant partie civile dans le cadre de leurs plaintes, comme l’y autorise le Code de la santé publique ». « La victime pourra aussi domicilier la plainte au commissariat ou à la gendarmerie, s’il craint des représailles », précise Emmanuel Boularand.
L’ONI espère une mise en place de l’Observatoire « dans les prochains jours », indique ce dernier. Les premiers chiffres « significatifs » devraient être communiqués à l’automne.
Aveline Marques