ONI
L’Ordre National des Infirmiers (ONI) vient de mettre à jour ses statistiques démographiques. Un travail qui permet de mieux connaître les forces et faiblesses de la profession sur le territoire et d’anticiper les défis qui s’annoncent.
L’ONI le répète à l’envi : dans le contexte de désertification médicale qui est le nôtre, les infirmiers ont un rôle majeur à jouer pour améliorer l’accès aux soins de nos concitoyens. Encore faudrait-il connaître avec précision les effectifs sur lesquels le pays peut compter, ainsi que leur localisation, leur âge, leur éventuelle spécialité… C’est pourquoi l’Ordre publie régulièrement ses statistiques sur la démographie infirmière, basées sur les inscriptions des professionnels au tableau. La dernière mise à jour a été présentée le 10 mars lors d’une conférence de presse organisée par l’ONI.
Premier constat : avec près de 565 553 soignants inscrits au tableau au 1er mars 2025, la profession infirmière reste la profession de santé la plus nombreuse en France. « Notre profession est l’un des piliers de l’accès aux soins, nous portons ce message depuis des années », a déclaré Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’ONI, en annonçant ces chiffres. Un rôle que les infirmiers peuvent continuer à jouer dans le futur, notamment parce que « nos lieux de formation sont répartis sur l’ensemble du territoire, au plus près des jeunes qui veulent s’engager dans la profession », a-t-elle ajouté.
Et justement, ces capacités de formation sont primordiales, notamment quand on regarde la pyramide des âges des inscrits au tableau. Avec un âge médian de 40 ans, la profession n’est pas particulièrement âgée (l’âge médian en France est d’après l’Insee de 41,7 ans). « Ce qui m’inquiète, c’est le resserrement de la pyramide à la base », a alerté Sylvaine Mazière-Tauran. De fait, la tranche des infirmiers âgés de moins de 25 ans compte environ 50 000 professionnels, contre plus de 80 000 pour les 25-30 ans, et près de 85 000 pour la tranche la plus nombreuse, celle des 31-35 ans. « Nous recommandons d’anticiper les besoins, il ne faut pas attendre d’être devant le mur du déficit », a alerté la présidente de l’ONI.
RÉPARTITION SATISFAISANTE
Reste que si l’on s’intéresse à la photographie instantanée, et non à sa possible évolution, la répartition de la force de travail infirmière sur le territoire est plutôt satisfaisante. « Les infirmières maillent le territoire, et il est frappant de voir que ce n’est pas forcément dans les territoires les plus urbains que leur présence est la plus forte », a souligné Sylvaine Mazière-Tauran, ajoutant au passage qu’il s’agit d’une caractéristique intéressante, « en particulier par rapport aux autres professions de santé ». La comparaison cartographique est à cet égard particulièrement instructive. « La présence infirmière est concordante avec les cartes sur le grand âge », a noté la première représentante de la profession.
Cette dernière a tenu à faire un point spécifique sur les infirmiers libéraux : ceux-ci sont près de 145 000 et sont eux aussi « répartis sur l’ensemble du territoire », a-t-elle noté, tout en relevant la présence de zones « moins bien couvertes » : les zones périphériques des métropoles, l’Île-de-France, certaines zones frontalières… Ici aussi, la cartographie comparée est instructive, et permet notamment de mettre en évidence une corrélation entre les tensions sur les loyers et les difficultés d’installation des Idels. « Il est important de revoir le zonage infirmier, qui devrait être mis à jour tous les 2 ans, et qui dans certains endroits n’a pas été revu depuis 2020, ce qui fait que certaines infirmières qui voudraient aller dans des zones devenues moins denses sont bloquées », a estimé Sylvaine Mazière-Tauran.
INSCRIVEZ-VOUS, INSCRIVEZ-VOUS QU’ILS DISAIENT
Reste une question : tous les infirmiers ne figurant pas à l’Ordre, ces statistiques sont-elles représentatives ? « Il reste un petit volant, dont on ne connaît pas le nombre exact, d’infirmières qui ne sont toujours pas inscrites à l’Ordre », reconnaît sa présidente. En comparant les chiffres ordinaux à ceux de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), qui estime le nombre d’infirmiers en activité à un peu moins de 650 000 en 2025, on peut estimer le nombre des non-inscrits à moins de 100 000.
« Il s’agit en majorité d’infirmières de plus de 45 ans de la fonction publique hospitalière qui exerçaient déjà avant la création de l’Ordre en 2008 et qui ne se sont pas résolues à s’inscrire », estime Sylvaine Mazière-Tauran. Se refusant à utiliser la coercition pour les amener dans le giron ordinal, cette dernière leur adresse tout de même un message. « Les infirmières sont les premières victimes de cette non-inscription à l’Ordre, a-t-elle estimé. Sans statistiques démographiques précises, on ne peut pas faire de prospective, on ne peut pas inciter à former plus de professionnels. »
En d’autres termes, s’inscrire à l’Ordre, c’est renforcer le poids politique de la profession. Voilà qui pourrait s’avérer utile en ces temps agités.
Adrien Renaud
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