La dette diminue, le nombre d'inscrits augmente. Après plusieurs années difficiles, l'ONI a retrouvé « un mode de fonctionnement normal », a affirmé son président lors d'une conférence de presse, ce jeudi 4 juillet. Son avenir reste, pourtant, incertain.
Des finances assainies, un dialogue restauré avec les pouvoirs publics et un mode de fonctionnement revenu à la normale : l'Ordre national des infirmiers (ONI) va mieux et veut le faire savoir. Ce jeudi 4 juillet, « l'institution » ordinale s'est livrée à un exercice de « transparence » lors d'une conférence de presse, à Paris.
Une dette de 10,7 millions d'euros
Premier sujet de satisfaction : les comptes. Deux ans après avoir frôlé la banqueroute, l'ONI a redressé la barre. L'exercice 2012, qui s'étend du 1er mai au 31 décembre (1), s'est achevé sur un excédent de 1,8 million d'euros, contre 4,8 millions de déficit fin avril 2012. Et ce, au prix d'une douloureuse restructuration : fermeture de conseils départementaux, réduction des effectifs à 47 équivalents temps plein (contre 156 en 2011), déménagement du siège dans des locaux plus petits...
La dette globale s'élèvait au 31 décembre 2012 à près de 10,7 millions d'euros (contre près de 13 millions fin avril), dont un emprunt de 7,5 millions d'euros et un crédit de 1,5 million. Le remboursement de la dette financière est échelonné jusqu'en 2017. « Sur sept annuités, deux ont été remboursées », dont près d'un million d'euros au printemps dernier, a précisé Didier Borniche, président de l'ONI.
137 000 inscrits
Début juillet, l'Ordre comptabilisait un peu plus de 137 000 inscrits, contre 120 000 en septembre dernier. L'instance table sur 110 000 cotisants d'ici la fin de l'année. Fixé à 100 000 en 2012, l'objectif avait été "dépassé". Les inscrits sont à 52 % des infirmiers salariés et 48 % des libéraux. Mais, ces derniers ne représenteraient qu'un tiers des nouveaux inscrits. La proportion d'inscrits varie d'une région à l'autre : alors qu'à la Réunion, ils représentent 48 % de l'effectif infirmier, en Ile-de-France ils ne sont que 18 %. « Nous avons pris le parti de la pédagogie plutôt que celui de la coercition », développe Didier Borniche. Cible principale de ces efforts de communication : les étudiants en soins infirmiers.
La nouvelle gouvernance a, également, tâché de restaurer le dialogue avec les autorités de tutelle, notamment avec la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui envisageait de rendre l'adhésion à l'ordre facultative. « Nous avons rencontré la ministre en décembre. La discussion a été courtoise », précise Didier Borniche, soulignant le paradoxe entre la position « politique, dogmatique » de la ministre et les sollicitations de plus en plus nombreuses des services de l'Etat, au niveau national et en région.
L'avenir en question
Affichant un optimisme digne de la méthode Coué, l'ONI veut désormais se tourner « vers l'avenir ». « Il le veut et il le peut », a affirmé Didier Borniche. Les dossiers sur lesquels prendre position ne manquent pas : protocoles de coopération, développement des masters, extension du droit de prescription et de vaccination des infirmières, harmonisation de la formation européenne, projet de loi sur la fin de vie... Les élections ordinales figurent également au planning: en novembre, la moitié du conseil national sera renouvelée; les élections départementales et régionales auront lieu en avril et juin 2014.
L'avenir de l'Ordre reste néanmoins suspendu aux conclusions du groupe de travail parlementaire présidé par la députée socialiste Annie Le Houérou. A mi-chemin entre la suppression de l'ordre et son maintien, les élus pourraient bien se prononcer en faveur d'une inscription facultative. Gare à la rechute.
Aveline Marques
1- L'ONI a modifié la date de clôture de son exercice comptable, en passant du 30 avril au 31 décembre. Les exercices suivants porteront sur une année calendaire.