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23/10/2024

L’ORDRE NATIONAL RÉAFFIRME SA POSITION : IL FAUT RENFORCER LE RÔLE DES INFIRMIÈRES

« Les Français font confiance aux infirmières pour exercer de nouvelles missions et soutiennent les propositions que nous portons ». C’est ce qui ressort du sondage mené par le cabinet Elabe à l’initiative de l’Ordre national des infirmiers, présenté le 17 octobre dans les locaux de l’institution ordinale. Tout converge vers une l'évolution de la profession portée par Sylvaine Mazière-Tauran.

C’est en rappelant que nous vivons aujourd’hui un moment important et décisif pour l’avenir du système de santé et de la profession infirmière, que Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmiers (ONI) a entamé la conférence de presse. Qu’il s’agisse de l’annonce du Premier ministre qui a montré la nécessité de faire une loi pour les infirmières et les infirmiers ou du PLFSS présenté dans un contexte budgétaire extrêmement tendu, l’actualité est effectivement très dense. C’est dans ce cadre que l’ONI a fait conduire une étude* sur « les Français, le système de santé et l’évolution de la profession infirmière ».

« ON EST PASSÉ À UNE VRAIE INCERTITUDE »
Parmi les principaux résultats présentés, sans surprise, la santé est redevenue un sujet majeur d'attente des Français vis-à-vis de leurs politiques, juste derrière les questions de pouvoir d'achat. 90 % des Français sont inquiets quant à la capacité de leur système de santé à les soigner correctement. Plus précisément : 44 % sont déjà inquiets et 46 % (et 59 % des jeunes de 18 à 24 ans) craignent une dégradation.
« Ce qui est intéressant et peut-être inquiétant est de constater que les jeunes, d'habitude plus mesurés sur ce sujet, sont 59 % à nous dire que le système de santé va se dégrader. Autrement dit, à penser qu’ils ne bénéficieront pas plus tard, d’un système fonctionnel, précise Charles Van Den Boogaerde, directeur clientèle chez Elabe, en charge du sondage. Ceci montre bien que l'on est passé à une vraie incertitude. Ce système de santé qui était un motif de fierté puisque l’on était convaincu d'avoir le meilleur du monde, est vu aujourd’hui comme une institution partant à vau l'eau. »

ACCÈS AUX SOINS
L’une des difficultés éprouvées est liée à l'accès aux soins. 80 % des répondants expriment au moins une difficulté d'accès à un professionnel de santé ou à un service. En premier lieu, sont cités les médecins spécialistes. Suivent les médecins généralistes puis les services d'urgence et les services hospitaliers. L’accès aux professionnels est loin d’être le seul sujet de préoccupation. Le coût des soins reste un motif important d’inquiétude. Près de 40 % des sondés admettent que cela peut se révéler être un frein. Charles Van Den Boogaerde : « On voit poindre en-dessous la question de la pénurie de médicaments. Si l’on avait mené un sondage il y a 5 ans, la pénurie de médicaments n’aurait même pas été abordée. Aujourd'hui, les réactions sur le sujet - je pense notamment au Doliprane -, sont devenues quasiment viscérales.  Un tiers des Français évoquent la pénurie médicale annoncée parmi les difficultés rencontrées. Tout cela témoigne effectivement d’un accès aux soins difficile. »

QUID DU RÔLE DES INFIRMIÈRES ?
Dans ce contexte difficile, 88 % des Français soulignent l’importance du rôle de proximité des infirmières auprès des patients et de leurs proches. 80 % citent la diversité des exercices et des spécialités permettant aux infirmières d’accompagner les Français tout au long de leur vie. Ils sont 60 % de Français à estimer que les infirmières sont présentes partout, y compris dans les déserts médicaux. Cette proportion monte à 70 % dans les communes rurales.
« On sait que “communes rurales” ne signifie pas nécessairement “désert médical”, explique Charles Van Den Boogaerde. L’idée est que lorsque l’on vit à la campagne, on a la perception que les infirmières sont très présentes. Tout cela créé un véritable consensus sur le fait que le rôle des infirmières n'est pas suffisamment reconnu auprès des patients ou de leurs proches. Le sondage a abouti au chiffre de 86 %. » C’est sans doute dans cette même logique qu’ils sont 85 % de Français à estimer que renforcer le rôle des infirmières serait utile pour améliorer la prise en charge des patients. Ils sont 83 % à faire confiance aux infirmiers pour exercer de nouvelles missions et jouer un rôle plus important auprès des patients. Pour ce qui est de la collaboration entre médecins et infirmières, les Français sont 89 % à trouver cela utile et 41% de Français ont le sentiment que cela serait « très » utile.

AUTONOMISATION ET RENFORCEMENT DU RÔLE DES INFIRMIÈRES
Dans le cadre de ce sondage, les personnes interrogées se sont vu suggérer plusieurs mesures prioritaires. Trois d’entre elles arrivent en tête. Il s’agit tout d’abord de l’accès direct pour les patients à des infirmières et à une consultation infirmière. La seconde porte sur la plus grande autonomie à donner aux infirmières dans la prise en charge. En particulier lorsqu’il n'y a pas de médecin traitant. La troisième mesure qui récolte le plus d'adhésion est l'autonomie des professionnels de santé en général. Ceci afin de permettre une meilleure organisation sur le terrain.

« Les Français sont convaincus que les infirmières peuvent agir en autonomie et, d’une certaine façon, exercer sans garde-fou, constate Charles Van Den Boogaerde. La logique sous-jacente est donc de passer de l'acte nomenclaturé à une mission plus large incluant la prise d'initiative et l’accès direct. »
La création de consultations infirmières visant un meilleur accompagnement des patients fait aussi figure des mesures prioritaires pour la loi « infirmières-infirmiers ». Frédéric Valletoux, précédent ministre de la Santé, avait souhaité qu'un projet de loi soit déposé en ce sens juste avant la dissolution de l'Assemblée nationale…
Finalement, tout converge vers une évolution de la profession et donc une évolution réglementaire. Si Sylvaine Mazière-Tauran n’a pas encore rencontré la nouvelle ministre Geneviève Darrieussecq, un rendez-vous est prévu dans quelques semaines. « J’attends de voir quelle est la vision de la ministre de la Santé sur le nouveau texte, conclut-elle. On voit, en tout cas, qu'il n'y a pas de problématique d'acceptabilité ni de crainte chez les Français. Ce qui est important pour nous est qu’ils fassent confiance aux infirmières et soutiennent les propositions que nous portons. »

Élise Kuntzelmann

* étude Elabe pour l’ONI réalisée du 23 au 25 septembre 2024 à partir d’un échantillon de 1001 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus.

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