© Nicolas Simon
À l’approche de l’élection présidentielle, l’Ordre national des infirmiers continue de militer pour l’extension des prérogatives infirmières. Son président, Patrick Chamboredon, estime notamment qu’il faut passer de la notion de décret d’actes à celle de décret de compétences.
Cela fait longtemps que de nombreux acteurs infirmiers jugent que le décret d’actes qui régit la profession est obsolète, et qu’il faudrait le réécrire. Mais selon Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (ONI), il faut aller plus loin qu’une simple mise à jour du texte : il faut, selon lui, écrire un décret de compétences qui donnerait davantage d’autonomie aux professionnels. C’est en tout cas le point de vue qu’il a défendu le 12 octobre dernier lors d’une rencontre avec la presse.
« On ne peut pas définir une profession par les actes qu’elle réalise, or c’est ce qui se passe pour les infirmiers, a-t-il regretté. Ce n’est plus possible de fonctionner comme cela, surtout pour nous qui sommes dans une phase d’universitarisation. » Le problème, c’est que depuis le printemps dernier, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé a entamé une réflexion sur… l’actualisation du décret d’actes.
Deux scénariosEn réalité, deux scénarios sont sur la table, a expliqué Patrick Chamboredon. « Le premier est un scénario étriqué, qui peut se faire avant la présidentielle, mais qui ne correspond pas à notre attente », a-t-il précisé. En clair, il s’agit d’ajouter de nouveaux actes à ceux qui existent déjà, « comme lorsqu’on a ajouté la prise en charge des cathéters périnerveux il y a un an ». Le second scénario, lui, est beaucoup plus ambitieux.
« Au lieu de n’être qu’une liste d’actes à la Prévert qui doit être mise à jour dès qu’il y a une évolution pour la profession, ce qui est rarement fait, un décret de compétences permettrait de définir des zones à l’intérieur desquelles les infirmières peuvent faire plusieurs choses », a détaillé Grégory Caumes, directeur adjoint de l’ONI lors du point presse. Seul hic : c’est une approche qui prend davantage de temps, et qui ne pourrait aboutir qu’après la présidentielle.
« La grande question est : jusqu’à quand, avant une élection, un ministre peut signer un tel texte », a commenté, fin politique, Patrick Chamboredon. D’après lui, compte tenu du nombre de parties prenantes à consulter, il est trop tard pour être ambitieux, et il vaut mieux remettre le décret souhaité à l’après-présidentielle.
La balle est dans le camp du ministèreReste que pour l’instant, les deux scénarios sont sur la table, et c’est la DGOS qui doit trancher, a précisé le président de l’ONI. Mais selon lui, seule une approche par compétences pourrait permettre de répondre aux défis qui se posent à la profession… et à la population. « Dans les territoires où il n’y a plus de médecins, comment fait-on pour prendre en charge la population ? », a-t-il demandé.
La solution, d’après lui, ne peut être apportée que par des infirmières aux prérogatives élargies. S’agira-t-il d’infirmières disposant de plus d’actes en magasin, ou d’infirmières dont les compétences auront été redéfinies ? La réponse est entre les mains du cabinet d’Olivier Véran.
Adrien Renaud