Depuis 2010, les équipes des blocs opératoires doivent réaliser, à l'aide d'une check-list, une série de vérifications avant, pendant et après toute intervention chirurgicale. Mais, cet outil est mal utilisé selon les évaluations réalisées aux Hospices civils de Lyon (HCL).
Travailler en équipe pour réduire les risques d'erreurs chirurgicales. Voilà résumé l'esprit de la check-list "Sécurité du patient au bloc opératoire" initiée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et promue en France par la Haute autorité de santé (HAS). Avant l'anesthésie, avant et après l'intervention chirurgicale, infirmières et médecins doivent vérifier ensemble s'il s'agit bien du bon malade, si l'intervention comporte des risques particuliers, si toutes les compresses ont été retirées, etc.
Obligatoire depuis 2010, cette liste de vérifications en 11 points n'est pourtant pas encore adoptée par les équipes. C'est la conclusion tirée, notamment, par le centre hospitalier Lyon sud dans une étude récemment parue (1). A l'été 2011, le CHLS, rattaché aux Hospices civils de Lyon (HCL), a cherché à savoir ce que les personnels paramédicaux et médicaux pensaient de cette check-list et s'ils l'avaient bien intégrée à leurs pratiques. Il leur a adressé des questionnaires individuels et a réalisé des audits observationnels dans les blocs.
Des vérifications post-intervention jamais effectuées
Il ressort que 80 % des personnels estiment cette check-list utile mais ils sont 70 % à la juger contraignante. La check-list est "toujours réalisée" selon 30 % des paramédicaux et 45 % des médecins. Elle est "souvent réalisée" selon 60 % des paramédicaux et 44 % des médecins. Elle est "rarement réalisée" selon 10 % des sondés. Les vérifications après intervention ne sont, elles, quasiment jamais exécutées.
Le rôle de coordonnateur est majoritairement assuré par des paramédicaux, notamment les Ibode, qui, pour beaucoup, ne se sentent pas respectés au moment où ils énoncent les points à vérifier. 64 % des soignants jugent, d'ailleurs, que ce rôle ne devrait pas leur revenir.
Manque d'investissement des médecins
La situation a-t-elle évolué depuis 2011 aux HCL ? « Nous avons un taux de réalisation en augmentation, relève Catherine Cunat, cadre supérieure de santé à la direction centrale des soins. Il est, aujourd'hui, de 91 % seulement, les équipes ne se sont toujours pas réellement approprié la check-list. » Selon Catherine Cunat, « il n'y a pas de vrais échanges entre professionnels lors des trois temps de la check-list ».
En cause, le manque d'investissement d'un grand nombre de médecins. « On sent bien que les paramédicaux ont cette culture de la sécurité mais, si derrière il n'y a pas de leardership médical, les check-lists ne sont pas réellement mises en place », commentait à ce sujet le Pr Vincent Piriou, chef du service d'anesthésie et de réanimation à Lyon Sud, lors des rencontres HAS de 2011.
A l'avenir, les HCL voudraient que les équipes évaluent eux-mêmes leurs pratiques autour de la check-list pour susciter une meilleure adhésion à l'outil.
Sandra Jégu
1- "Évaluation de la check-list au bloc opératoire : la perception des soignants et des médecins (évaluation du niveau II)", Annales françaises d'anesthésie et de réanimation, volume 32, avril 2013.