19/01/2009

La consultation infirmière rémunérée instaurée en Belgique

 

 

 

Cela faisait des années qu’ils la réclamaient et ils ont finalement obtenu gain de cause : dès le 1er février, les infirmiers et infirmières belges à domicile pourront facturer une consultation à 22,95 euros, une fois par an et par patient.
Cette consultation infirmière, totalement prise en charge par l’INAMI (la sécurité sociale belge), consistera à évaluer l’état du patient, identifier ses besoins infirmiers et fixer avec lui des objectifs de soins. Certes, l’infirmière fait déjà cela, ne serait-ce que mentalement, dès le début de la prise en charge. Mais pour la première fois cette année, elle sera rétribuée pour cette prestation intellectuelle. «C’est une grande victoire pour nous ! se réjouit Miguel Lardennois, président de l’association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN). Le savoir et l’expertise propres à notre profession sont enfin reconnus à leur juste valeur».  

En France, l’équivalent de cette consultation existe depuis 2002 : c’est la Démarche de Soins infirmiers (DSI). Financièrement, elle est plus intéressante que l’initiative belge puisqu’on peut l’effectuer jusqu’à cinq fois par an, ce qui revient à 55 euros au total. Cependant, la consultation infirmière présente trois grands avantages par rapport à la DSI.
Primo il y a ce mot, « consultation », qui reconnaît pleinement les compétences infirmières. Il y a quelques années, les syndicats français ont tenté d’imposer ce terme pour qualifier la DSI. En vain. « Nous nous sommes heurtés au lobbying médical, se désole Ghislaine Meillerais, vice-présidente de la SNIIL. Les médecins français ont du mal à déléguer les soins et ils tiennent à leurs prérogatives, y compris au niveau de la nomenclature. »

« C’était aussi une question d’économies, ajoute Marcel Affergan, président de Convergence infirmière. A partir du moment où l’on acceptait le principe de la consultation, la CPAM et les assureurs auraient dû la rémunérer en tant que telle. C’est pour cela qu’ils n’en ont pas voulu…»
Deuxio, et c’est sans doute l’avancée la plus importante, l’infirmière belge décide elle-même de la consultation : elle n’est plus assujettie à la prescription médicale, comme c’est encore le cas en France où, rappelons-le, seul le médecin traitant est habilité à prescrire et renouveler une DSI. Les soignants belges gagnent donc en autonomie par rapport à leurs homologues français.

Tertio, les patients concernés ne sont pas les mêmes. En France, la DSI est exclusivement réservée aux personnes dépendantes, ce qui exclut les malades chroniques, par exemple. Tandis qu’en Belgique, la consultation infirmière concerne tout patient ayant bénéficié, depuis au moins 28 jours, d’au minimum deux soins d’hygiène par semaine. Ce délai est annulé dans le cadre de soins palliatifs : pour des raisons évidentes, la consultation infirmière peut être attestée dès le premier jour des soins.
Au final, l’initiative belge est un grand bond en avant dans la reconnaissance du rôle infirmier. Pourvu qu’elle fasse des émules chez nous…  
Candice Leblanc

Pour en savoir plus :
www.infirmieres.be
www.inami.fgov.be

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