A la tête de l’ARS Ile-de-France, Claude Evin entend s’emparer du sujet de la démographie des professions de santé, vecteur d'amélioration de l’adéquation de l’offre de soins aux besoins des Franciliens.
« La démographie infirmière en Ile-de-France n’est pas au rendez-vous du besoin ». Claude Evin, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France ne cache pas que « c’est la profession paramédicale qui (le) préoccupe le plus ». Invité d’une rencontre « Les Editoriales » le 6 juin, l'ancien ministre socialiste sait bien pourquoi on en est là : «Les conditions de vie en Ile-de-France sont très contraignantes », observe-t-il. Et de citer les temps de transport, les difficultés qu’il y a à se loger avec un salaire peu attractif, etc. Tout ceci concourt à une désaffection de la profession infirmière pour les établissements de santé franciliens.
Alors que les Ifsi de la région totalisent quelque 6 000 places, « seules 5 000 sont pourvues », relève Claude Evin, qui ajoute que « c’est un vrai sujet sur lequel il nous faut travailler avec les différentes représentations de la profession ».
La chirurgie cardiaque régresse en Ile-de-France
De fait, un an seulement après son installation, l’ARS Ile-de-France a du pain sur la planche. Outre le fait qu’il a fallu gérer le rapprochement de différentes institutions (assurance maladie, Ddass, Caf…), évoluant avec des statuts différents, des modes de travail différents, l’ARS vient de publier la seconde version de son plan stratégique régional de santé, qu’elle soumet à la concertation, notamment auprès des 13 000 communes de la région.
Au travers de ce plan stratégique et de schémas de prévention, d’organisation des soins hospitaliers, ambulatoires et médico-sociaux, l’ARS Ile-de-France souhaite parvenir à la définition d’un parcours du patient. Parcours qu’il s’agit d’améliorer au travers d’une offre de soins répondant aux besoins. Ce qui n’est pas le cas, rappelle Claude Evin, citant la problématique de la chirurgie cardiaque dans la région. L’an passé, quatorze établissements disposaient d’un service de chirurgie cardiaque. Un nombre que l’ARS a souhaité ramener à dix. Trois services ont déjà fermé ou sont en passe de l’être, tandis que l’hôpital Henri Mondor de Créteil (AP-HP) fait de la résistance.
« On n’est pas, je le rappelle, sur une activité de proximité », considère pour sa part Claude Evin qui insiste sur le fait que la chirurgie cardiaque est une activité qui régresse dans la région, d’une part compte tenu des progrès médicaux qui permettent des traitements moins invasifs, et d’autre part parce que de bons services se sont développés en province, qui réduisent significativement les flux de patients vers l’Ile-de-France. « Sur ce type d’activité, on n’a pas de problème d’accès aux soins », indique-t-il, tout en affirmant que la balle est dans le camp de l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris à qui il revient de choisir si elle préfère fermer le service de l’hôpital Henri Mondor ou bien un autre site.
Texte: Sandra Serrepuy
Photo: Philippe Chagnon