La difficile prise en charge psychiatrique à domicile

17/10/2013

La difficile prise en charge psychiatrique à domicile

Pour les infirmières libérales, la prise en charge psychiatrique est souvent chronophage. Quelles en sont les limites ? Comment y remédier ? Éléments de réflexion.

La prise en charge psychiatrique par les infirmières libérales (Idel) a fait l’objet d’une table-ronde organisée par le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) le 10 octobre, à Toulouse, à l’occasion de son 40e congrès.

En la matière, les Idel ont beaucoup à dire, tant elles sont confrontées à un certain nombre d'écueils propres à leur mode d'exercice : des déplacements "pour rien" lorsque la porte du patient reste close; la peur, voire la mise en danger, lorsque le patient décompense au domicile; la difficulté d’un suivi sur le long terme; sans parler de la rémunération "dérisoire" compte tenu du temps réellement passé et de la gestion de problèmes somatiques associés (d’ordre alimentaires, liés à l’hygiène corporelle…) et/ou d'actes non pris en compte, comme la relation d'aide.

7 euros brut pour l'administration et la surveillance d'une thérapeutique orale

Ainsi, le passage pour l’administration et la surveillance d’une thérapeutique orale au domicile des patients présentant des troubles psychiatriques n'est coté qu'un AMI 1, soit 7 euros brut ! Pourtant, donner un traitement à un patient psychiatrique peut prendre 15 à 30 minutes, entre le bon conditionnement du patient au soin qui nécessite souvent une explication voire une négociation, la préparation du traitement, l’administration en veillant à une bonne absorption et le fait de rester le temps nécessaire afin de limiter le risque que ce dernier rejette les comprimés…

En écho, les intervenants présents se sont tous attelés à rappeler combien, dans ce cadre, la coordination, le lien, l'interdisciplinarité et un discours unique autour du patient étaient indispensables. « La pathologie mentale repose sur un réseau de soins (psychiatre, médecin généraliste, hôpital de jour, IDE/Idel). L’important est de coordonner ces soins. Lors d’une crise, la première étape est celle du lien incontournable car les patients ne sont pas toujours capables de raconter leur histoire. C’est pourquoi nous avons mis en place des fiches standardisées de liens avec les Idel », a expliqué Clara Letamendia, chef de clinique, pôle psychiatrie, à l’hôpital Casselardit (CHU de Toulouse). De plus, « il importe d’avoir des référentiels communs du patient, de la maladie, et cela se fait par une collaboration permanente », a-t-elle poursuivi.

Cloisonnements

« On essaie d’insérer les Idel dans la prise en charge post-hospitalière ou dans les programmes de soins sous contrainte (hospitalisation à temps partiel – de nuit, de jour…-, soins à domicile, consultations en ambulatoire, activités thérapeutiques) mis en place depuis la loi du 5 juillet 2011 », a témoigné Pascal Caillier, infirmier du centre médico-psychologique adultes La Grave à Toulouse. Toujours est-il qu' « il est difficile parfois de travailler dans le même sens malgré les outils (mails, cahiers de liaison, téléphone…). Cela demande du temps. Il y a des réseaux, des moyens… mais aussi des cloisonnements », a admis Bernard Ordono, médecin généraliste et comportementaliste à Toulouse.

Valérie Hedef-Capelle

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