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04/02/2022

La FNI veut un statut médical pour les infirmières

La Fédération nationale des infirmiers (FNI) a dévoilé cette semaine ses propositions pour la présidentielle. Parmi elles, une mesure coup-de-poing : et si le métier d’infirmière devenait une « profession médicale à compétences définies » ?

Certains commentateurs se demandent quand la campagne présidentielle va véritablement commencer. Question légitime si l’on s’intéresse aux candidats, mais pas si l’on s’intéresse aux organisations infirmières, qui annoncent les unes après les autres les idées qu’elles souhaitent soumettre aux prétendants à la magistrature suprême. Après le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), qui a dévoilé il y a deux semaines dernière sa plateforme « Débats d’Idels », ou l’Ordre national des infirmiers (ONI) qui organisait le 20 janvier un colloque aux allures de programme électoral, c’était mardi au tour de la FNI de présenter ses réformes prioritaires.

Et le moins que l’on puisse dire est que la première d’entre elles ne manque pas de panache. Le syndicat majoritaire chez les Idels souhaite en effet que le futur locataire de l’Élysée fasse de la profession infirmière une « profession médicale à compétences définies », à l’instar des sages-femmes, par exemple. « Nous avons aujourd’hui un problème d’accès aux soins extrêmement prégnant que ni la pratique avancée, ni le desserrement du numerus clausus ne permettront de régler rapidement, justifie Daniel Guillerm, président de l’organisation. Nous proposons donc de nous appuyer sur le tissu libéral infirmier, qui est organisé à l’échelle des territoires et qui assume une véritable continuité des soins, pour améliorer la situation. »

S’appuyer sur la réingénierie

Concrètement, la FNI entend saisir l’opportunité offerte par la réécriture du décret de compétence, annoncée par le ministre de la Santé lors du colloque ordinal de janvier, pour rebattre les cartes. « Olivier Véran a dit qu’il était prêt à aller assez loin, nous lui disons “chiche !” », sourit le représentant syndical. Parmi les compétences qu’il souhaiterait voir ajoutées à ce qui ne serait plus une profession paramédicale, il cite notamment les domaines de la prévention ou de l’éducation thérapeutique du patient, mais ne s’y limite pas. « Nous devons aller vers un élargissement du champ de prescription de la profession, affirme-t-il. Aujourd’hui, quand nous avons une personne âgée déshydratée et que nous n’avons pas de médecin traitant sous la main pour prescrire la réhydratation par voie parentérale, nous sommes obligés d’hospitaliser le patient. Or, nous sommes formés au dépistage de la déshydratation, et serions capables de poser une réhydratation sans avis médical. »

Avec un niveau master

Bien sûr, l’élargissement des compétences de la nouvelle profession médicale s’accompagnerait d’un allongement de la durée des études. « Il faut un niveau master, même s’il ne faut pas forcément ajouter deux ans d’études, comme pour les IPA », estime Daniel Guillerm. Il doit aussi aller de pair avec une meilleure valorisation. « Si nous contribuons à désengorger les files actives, il me paraît normal qu’il y ait un transfert budgétaire », estime-t-il. Et quand on lui demande s’il n’a pas peur de se heurter à une opposition frontale de la part des médecins, le président de la FNI répond que ceux-ci peuvent se rassurer. « Il ne s’agit pas de les remplacer, et le diagnostic médical doit être sanctuarisé, affirme-t-il. Mais il faut comprendre qu’à côté de ce diagnostic médical, il peut y avoir un diagnostic et un suivi infirmiers. » Pas sûr que cela suffise à arrondir les angles…

Adrien Renaud

À LIRE ÉGALEMENT

Renaud A., « Les Idels plongent dans le grand bain de la présidentielle », Espaceinfirmier.fr, le 19/01/2022.

Les dernières réactions

  • 05/02/2022 à 17:17
    Dol
    alerter
    Et un statut de cosmonaute, ils le veulent aussi ?

    Pauvre de nous !
  • 05/02/2022 à 19:59
    Dies Ire
    alerter
    C'est peut-être du second degré made in FNI
  • 07/02/2022 à 11:26
    Dol
    alerter
    Blague à part.

    Ce dont les infirmiers ont besoin. C'est :
    - Une valorisation salariale à la hauteur de leurs compétences du diplôme d'IDE. 3000 euros brut salaire de départ pour les IDE et 2500 euros pour les AS...oui car AS, c'est pas ouvrier toilettage , c'est un vrai métier pour info. D'ailleurs, à revoir en urgence au passage les modalités de formation continue pour ce métier TOTALEMENT sous-estimé dans certains services.
    - Une valorisation salariale pour les spéc IADE/IPDE/IBODE.
    Et surtout, du recrutement/du recrutement

    Perso, pas envie de voir des IDE recevoir d'actes médicaux à réaliser pour faire plaisir à quelques personnes frustrées à ne pas avoir pu réaliser des études de médecine.

    On en parle de la pénurie médicale organisée depuis des décennies ? on en parle du basculement des tâches ? Qui prend la responsabilité ? L'IDE ? Le médecin ? Quelles sont les conséquences juridiques ? Avec une année de formation pour des IDE ayant bénéficié d'une VAE pour devenir "IPA", vous croyez Mesdames & messieurs de La FNI d'avoir les épaules assez solides pour assurer les conséquences juridiques & responsabilités du métier de médecin ?

    OK pour la formation continue, pas de problème la dessus. Que des IDE développent des compétences en éducation thérapeutique OK mais besoin de master pour ca !

    Que des IDE suivent des formations en Gérontologie/Prise en charge de la dépendance dans le cadre de Master 2 en FORMATION CONTINUE SEULEMENT, ok bravo, afin de réaliser de la coordination des soins et réfléchir sur les soins spécifiques aux personnes âgées par ex en EHPAD ok.... Pourquoi pas, c'est une piste intéressante, surtout si c'est prouvé que cela améliore la prise en charge des soins.....

    Mais un statut médical ? Vous plaisantez j'espère ? Comme l'affirme Dies Ire, rassurez nous, c'est du second degré ou on peut définitivement estimer que le système de santé Français a rejoint les pays du Tiers-Monde ?

    Ce n'est vraiment pas sérieux tout ça, on comprend pourquoi avec de telles propositions, le métier IDE soit totalement fusillé depuis des années.
  • 09/02/2022 à 14:36
    Comlan AMANGNON
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    La réaction a été supprimée car elle ne respecte pas la charte du site.
  • 11/02/2022 à 07:24
    Magdaline
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    Bonjour,
    Les infirmiers de catégorie B sont payés comme des aides soignants depuis octobre 2021 ( merci le Ségur de nous avoir oublié, ou plutôt ignoré,rabaissé, et de ,peut être ,permettre un droit au remords sans rattrapage financier de notre différence de salaire avec les catégories À depuis 2005 ) et vous voudriez que nous prenions en charge des responsabilités de médecins ? Demandez à un médecin d’être payé comme une infirmière ?… faites le même boulot que votre supérieur en prenant plus de responsabilités pour un salaire moindre .
  • 12/02/2022 à 11:57
    Dol
    alerter
    Bonjour Magdaline

    L'absence de revalorisation des IDE CAT B est absolument anormale, mais cela ne veut pas dire que les AS ne devaient pas bénéficier de revalorisation salariale, suffit de voir ce qui se passe depuis des années dans les EHPAD où les AS se tapent le boulot des soins relevant du rôle propre IDE mais sans le salaire qui va avec.

    Tout se sait. Je connais des AS en EHPAD qui font des actes qui vont au-delà du nursing et depuis des années. Donc revalorisation des AS entièrement méritée pour 1 fonction honteusement sous-estimée par encore certains médecins & cadres des lieux de soins, dont le rôle n'a plus rien à voir si on compare avec les années 80 ou 90.

    Maintenant pour la reconnaissance du statut « profession médicale à compétences définies » ..... comparer les IPA type oncologie/psychiatrie (je mets de côté éventuellement les IADE) avec les sages-femmes, franchement celle-là est osée.

    L'obtention du diplôme de médecin, ce sont des années très longues où vous obtenez 1 raisonnement qui désolé, n'a rien à voir avec les connaissances des IPA....déjà quand on sait les erreurs commises par des médecins (les IDE/AS etc qui ont de la bouteille le savent parfaitement) malgré leur spécialisation alors imaginez les risques d'erreurs de diagnostic provenant d'IPA avec 1 année de formation.....

    Même certains syndicaux IADE n'ont pas osé balancer ce que FNI recommande et demandent 1 reconnaissance en tant " qu'auxiliaires médicaux en pratique avancée " parfaitement légitimes. Auxiliaire médical et profession médicale ça n'a rien à voir !

    C'est la preuve d'une véritable paupérisation de notre système de santé. Allez FNI, on vous souhaite une bonne continuation continuez, vous faites des recommandations extras !

    PS : Si vous croyez que les Médecins vont accepter, et là dessus je suis d'accord avec eux, c'est que vous croyez au Père Noel.
  • 23/02/2022 à 15:31
    Morkiller
    alerter
    Bonjour à tous,
    toutes les idées sont bonnes à entendre en période de crise; et il faudra accepter qu'il y ait une évolution avec un meilleur maillage de nos territoires, actuellement même dans les EHPAD de villes moyennes, les médecins commencent à manquer (je suis IDEC je sais de quoi je parle malheureusement), or on sait déjà que ça ne va pas aller en s'améliorant puisque la génération du babyboum commence à peine à partir en retraite, donc on fait quoi?
    - on se repose sur les médecins existants en leur demandant gentiment de tenir 10 ans à 16h/jour 6 jours/7 avec l'obligation d'assurer des gardes aux urgences et des astreintes en ville
    - on s'assoie autour d'une table et on discute en toute collégialité sur le domaine de compétence de chacun (de l'auxiliaire de vie au médecin de ville) car on ne pourra pas redéfinir le champ de l'un sans redéfinir le champ des autres
    Exemple: la perfusion en sous cutanée d'une personne âgée à domicile, la prescription de compléments HP/HC, prescription d'un bilan sanguin standard (NFS, CRP, IONO et même une PCT) chez une personne âgées avec hyperthermie, prescription et adaptation d'un traitement AVK dans un contexte de suivi INR à partir du moment où ça a été prescrit pour la première fois par un médecin, prescription d'une radiographie sur une chute sans passer par le biais des urgences...vous ne pensez pas que tout ça (qui est fait dans 90% des cas par téléphone avec les médecins) pourrait être demandé par une IDE avec un peu d'expérience, peut-être 10 ans je ne sais pas il faut le statuer;
    en échange, peut-être que les AS pourraient avoir le droit se mettre en libérales, pourquoi cela reste encore du domaine de l'IDE en ville, l'IDE devrait se libérer du temps pour d'autres actes plus spécifiques.
    C'est notre système de santé, pas un métier en particulier et pour y parvenir il va falloir remettre beaucoup de chose sur la table, pas que la rémunération des uns et des autres
  • 24/02/2022 à 19:02
    Dol
    alerter
    Bonjour Morkiller

    Ce que vous affirmez est censé, pour ma part, je suis favorable à ce que les IDE puissent développer de nouvelles compétences voire en bonne intelligence, dans certains cas faire des soins qui permettent de faire gagner du temps aux médecins, dès l'instant que les risques sont maîtrisés.

    Par contre, désolé, je maintiens mes propos. Et contrairement à ce que vous affirmez, "toutes les idées ne sont pas bonnes à exprimer " certaines idées relèvent à mes yeux de indécence. "Un homme/une femme, ça s'empêche", je partage cette vision de l'être humain chère à Camus.

    Ce ne sont pas vos remarques que je critique mais celles qui émanent de la FNI. Dire qu'un IDE peut accéder à 1 statut médical, non désolé mais c'est 1 manque de respect pour la profession de médecin.....car je ne suis pas dupe ! Ce que veut le FNI c'est la rémunération.

    Puisque vous êtes IDE coordinatrice, je vous conseille vivement de vous rapprocher d'une avocate en droit de la santé et étudier le transfert des compétences sous l'angle juridique, étudier les responsabilités et surtout les conséquences pour l'IDE lui même.

    Plus de compétences pour l'IDE oui, mais pas n'importe comment. En tout cas, ça fait peur pour les années à venir.

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