La formation, le patient et la crise | Espace Infirmier
 
La formation, le patient et la crise

04/07/2011

La formation, le patient et la crise

La directrice de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a insisté sur la place que devrait occuper le patient dans la formation des infirmières, à l’occasion de la présentation du programme Leonardo da Vinci.

Le patient doit être au centre de la formation des infirmières en Europe, ont insisté plusieurs participants à la présentation des travaux du programme Leonardo da Vinci, mardi 28 juin à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, alors que la crise de la dette dans plusieurs pays membres de l’Union européenne risque de peser sur l’avenir des professions paramédicales.
 
« Il y a toujours un combat à mener pour que le patient ait sa juste place », a estimé Mireille Faugère, directrice générale de l’AP-HP, dès l’ouverture du colloque. « Plus nous nous éloignons du soin, plus l’appréciation portée par les patients et les familles est mauvaise », a-t-elle souligné, citant notamment le « discours tenu autour de la maladie » et le « cheminement à l’intérieur de l’hôpital, qui peut être excluant dans son vocabulaire ». « L’importance des taux de démission des étudiants en Ifsi est également très inquiétant », a-t-elle ajouté. Etienne Caniard, président de la Mutualité française, a également émis le souhait que la place de l’usager soit « affirmée jusque dans la formation » des professionnels paramédicaux.

Formateurs: un référentiel de compétences européen?
Le programme Leonardo, mené entre 2009 et 2011 en associant des soignants et des formateurs de l’Institut supérieur de soins infirmiers Gallilée (Belgique), de l’Université autonome de Barcelone (Espagne) de l’APH-HP et de l’Ecole supérieure Montsouris (France), de l’Université de Crète (Grèce) et de l’Ecole supérieure des infirmiers à Lisbonne (Portugal), avait pour objet de comparer les différents systèmes de formation des infirmières en Europe, en vue d’élaborer un référentiel de compétences européen des formateurs.
 
Le rapport final dresse le constat d’un paysage hétéroclite, a souligné le Belge Yannick Dubois, coordinateur du comité de rédaction des travaux. Ainsi, si les critères d’admission aux filières infirmières sont relativement similaires dans les pays étudiés, le nombre d’années d’études est de quatre ans au Portugal, en Grèce et en Espagne, contre trois en France et en Belgique.


Et si les patients éduquaient les infirmières?
« Mais le temps consacré à la formation en nombre d’heures totales est encore plus hétérogène », note-t-il, soulignant qu’en Belgique, le seuil minimal est de 2 730 heures, le travail personnel n’étant pas comptabilisé, contre 7 200 heures en Espagne et en Grèce. Même écart au sujet des stages, avec 1 515 heures en Belgique contre 2 100 heures en France. « Cela recouvre d’ailleurs des réalités très différentes, puisqu’en Belgique, les formateurs passent beaucoup de temps en stage, alors que dans d’autres pays, cela a été délégué aux professionnels de terrain », a ajouté Yannick Dubois. Les mêmes contrastes sont observés au sujet des objectifs des travaux de fin d’étude (TFE) et sur le processus d’universitarisation.
 
Les participants ont également lancé des pistes pour l’amélioration du statut de tuteur de stage et des relations entre les établissements de formation et ceux accueillant les stagiaires. Paul de Raeve, secrétaire général de l’European Federation of Nurses, un groupe de lobbying actif à Bruxelles, a regretté le décalage entre les modèles esquissés et la réalité sociale européenne. « Les participants portugais et grecs vont rentrer chez eux et vont voir leur système de santé changer en raison de la crise », a-t-il affirmé, anticipant des fermetures d’instituts de formation et d’hôpitaux en raison des plans d’austérité mis en place pour faire face à la crise de la dette. Paul de Raeve a également critiqué la faible place accordée au rôle du patient dans les travaux du programme Leonardo. « Pourquoi le patient ne pourrait-il pas éduquer les infirmières sur des problématiques comme la sécurité ou la qualité de soins ? », s’est-il ainsi interrogé.
 
Adrien Le Gal

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