La nomination était attendue de longue date. Elle est désormais actée. La France dispose officiellement d’une représentante de la profession infirmière auprès de l’Union européenne. C’est Brigitte Feuillebois, conseillère experte pour les professions non médicales à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) qui officie désormais à cette fonction.
« Un aboutissement », « une fierté » : l’émotion était palpable lors de la conférence de presse organisée le 2 décembre par la DGOS, afin d’officialiser la nomination – qui a eu lieu fin août – de Brigitte Feuillebois au poste de chief nursing officer, pour une durée indéterminée. Une nomination saluée par Brigitte Lecointre, présidente de l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et des étudiants (Anfiide), qui a longtemps œuvré pour la reconnaissance d’une telle fonction en France, avec le soutien d’Annette Kennedy, présidente du Conseil International des Infirmières (CII). Il s’agit également d’une préconisation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son rapport de 2020. « La nomination de Brigitte Feuillebois représente une grande reconnaissance pour la profession, a souligné Brigitte Lecointre. Elle témoigne aussi, pour le plus grand groupe de professionnels de santé français, de la volonté institutionnelle de reconnaître la contribution des infirmières à répondre aux besoins de santé de la population ».
Pour le ministère il s’agit bien en se dotant pour « la première fois de son histoire d’une représentante unique de l'ensemble des infirmiers pour notre pays mais aussi auprès de l'Union européenne », « d’introduire la vision de la profession infirmière lors des discussions politiques de ses instances », explique la DGOS.
PORTER LA PAROLE INFIRMIÈREForte de ses 30 ans de carrière en tant qu’infirmière, cadre de santé, puis conseillère experte à la DGOS, Brigitte Feuillebois a expliqué porter cette fonction de chief nursing officer à l’échelle européenne, au sein du groupe de travail rassemblant ses homologues des autres pays membres de l’Union européenne, et à l’échelle internationale au niveau de l’OMS. Elle va être amenée à participer à des réflexions sur les grandes problématiques et constats identifiés et partagés par la profession notamment l’attractivité, la fidélisation au sein du métier ou encore le bien-être au travail. « C’est la mission que je me donne, a-t-elle assuré. Je vais être partie prenante, le plus fréquemment possible, à des discussions politiques qui permettront de porter la parole infirmière, et d’envisager la contribution de la profession dans l’évolution de notre système de santé. »
UN IMPACT RÉFLEXIF NATIONALÀ niveau de l’Union européenne, des réunions sont organisées tous les deux mois, entre les représentants nationaux, sur des thématiques précises avec, à chaque session, un représentant européen « aux commandes ». En novembre, la thématique de travail s’est concentrée sur l’attractivité du métier d’infirmier, les pistes et les solutions envisagées. À l’échelle de l’OMS, une réunion a lieu tous les ans, la prochaine étant programmée au Kazakhstan, sur une thématique en cours de définition.
Ces réflexions partagées ont vocation à trouver une répercussion nationale, qui va se manifester dans « la manière d’aborder une vision élargie de ce que pourrait être le métier d’infirmier », a expliqué Brigitte Feuillebois. Néanmoins, l’année 2023 va également être celle dédiée à la réforme du métier, conduisant à une analyse du contexte national, afin de déterminer ses particularités, pour permettre de répondre à l’ensemble des besoins de la population. Et d’ajouter : « Mon objectif est d’échanger avec mes collègues européens et d’observer les expériences étrangères afin de déterminer ce qui pourrait être actualisé dans nos références nationales. Il faut avoir un questionnement autour des spécialités infirmières, la gradation des compétences et cette compréhension globale du système de santé français. »
Brigitte Feuillebois a toutefois insisté sur la nécessité d’encourager à la mobilité professionnelle, afin de permettre aux infirmiers de se requestionner et d’être en quête d’autres trajectoires afin de s’enrichir personnellement et professionnellement.
Laure Martin