28/03/2008
La grève de la faim en dernier recours
Invalide depuis son agression en 1999, Jonathane Bottiglieri, infirmière libérale à La Ciotat, a entamé, en février, une grève de la faim. Un appel au secours désespéré, pour obtenir enfin l'indemnisation des nombreux dommages qu'elle a subis.
Pour Jonathane Bottiglieri, le temps s’est arrêté un soir de l’été 1999, il y a presque dix ans déjà. Alors qu’elle achevait sa tournée, cette infirmière libérale de La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, est agressée par un toxicomane, qui lui dérobe son argent et ses seringues. Une attaque d’une rare violence, qui lui vaut dix jours de coma. Elle en ressort avec une fracture de la clavicule et des cervicales, et de multiples contusions.
« Depuis 1999, j’ai passé la moitié de mon temps à l’hôpital, mais mon état n’a fait qu’empirer, déplore l’infirmière, aujourd’hui âgée de 44 ans. Je suis paralysée du bras droit et sourde d’une oreille, et j’ai des complications respiratoires. Par-dessus le marché, on m’a diagnostiqué il y a trois mois une fibromyalgie. »
Les conséquences de l’agression ne se sont pas limitées à ces séquelles physiques. Dans l’impossibilité de reprendre son activité, Jonathane s’est retrouvée rapidement sans moyen de subsistance. Les 20 000 francs - environ 3 000 euros – que lui a versés à l’époque la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (Civi) ont été entièrement absorbés par le remboursement de ses dettes : « J’ai aussi touché une indemnité de la Carpimko, mais elle s’est arrêtée au bout d’un an, regrette la jeune femme. Quant aux trois assurances que j’avais souscrites, aucune d’elles ne m’a versé le moindre centime. Il aurait mieux valu que je tombe dans les escaliers, m’ont-elles expliqué ! »
Au pied du mur. Bien que reconnue « travailleur handicapé » dès 2002, Jonathane n’a pas non plus obtenu d’aide sociale : « A la fin de l’année dernière, la Sécurité sociale m’a promis une pension mensuelle de 250 euros, mais je n’ai rien vu venir… »
Dans quelques semaines, l’infirmière devra quitter son appartement, qu’elle a été obligée de mettre en vente. Sans ressources, épuisée par les 35 expertises médicales qu’elle a subies en vain depuis son agression, elle a décidé, en février, d’entamer une grève de la faim, dans l’espoir de sensibiliser l’opinion publique à sa situation.
Alerté par la presse locale, le très médiatisé Gilbert Collard, avocat au barreau de Marseille, lui promet aujourd’hui de lui apporter son aide. Mais à son 28e jour de grève, la libérale ne s’était pas encore résolue à mettre fin à son combat, mené au péril de sa vie : « Ce que je souhaite par dessus tout, c’est que mon expérience serve aux autres libérales. En ce qui me concerne, j’ai déjà tout perdu. »
Stéphanie Lampert