Non satisfaits par l’«ultime» proposition du ministère (une prime de 120 euros brut par mois à tous les Iade au 1er janvier 2011) les syndicats poursuivent le mouvement au moins jusqu’à mercredi.
Après une semaine de grève, les représentants des Iade ont marqué des points, mais le bras de fer se prolonge. Mercredi 6 octobre, pour la première fois depuis le début du mouvement (en mars), Roselyne Bachelot a reçu en personne les syndicats pour aborder la question des infirmiers anesthésistes. Lors de cette réunion, le ministère a proposé une prime de 131 bruts mensuels pour les Iade en fin de carrière à compter de juillet 2012. Une offre unanimement repoussée par les organisations syndicales qui se sont alors accordées pour demander 41 points de bonification indiciaire (équivalant à une revalorisation de 192 euros) pour tous les Iade dès le 1er décembre 2010. Pour Denis Basset (FO), cette initiative visait à montrer « que les organisations syndicales pouvaient faire front commun et trouver un compromis intelligent ».
« Désaccord majeur »
Le temps d’évaluer les coûts de la mesure et d’attendre les arbitrages interministériels, une contre-proposition a été adressée par courriel aux syndicats dans l’après-midi. Dans ce courriel du directeur de cabinet adjoint de la ministre, Yann Bubien, la nouvelle offre est présentée comme « ultime » : « 120 euros mensuels à compter du 1er janvier 2011 pour chaque infirmier anesthésiste ». Cette prime, en euros bruts, n’est « pas NBI » (nouvelle bonification indiciaire) ni « transitoire » (donc sans engagement de renégociation salariale après l’obtention d’un grade de master, ndlr), nous a précisé le ministère de la Santé, contrairement à ce que réclament les syndicats.
« Cela ne nous satisfait absolument pas ; nous avons un désaccord majeur sur le volet salarial », martèle Olivier Youinou. Il déplore également « que les autres revendications n’aient toujours pas été abordées », portant en l’occurrence sur la pénibilité du travail, la formation des Iade et l’exclusivité de compétence.
Un communiqué publié mercredi par le service de presse de l’Avenue de Ségur, fait toutefois mention de « la garantie d’exclusivité d’exercice des Iade sur les actes d’anesthésie » et de « la rénovation de la formation pour la conduire à un niveau master ». Dans ce document, en forme de bilan de la réunion avec les syndicats, la ministre insiste aussi sur « le versement aux Iade qui choisiront le nouveau corps revalorisé d’une prime destinée à compenser la perte de différentiel indiciaire entre eux et les autres infirmiers. »
Des propositions qui ne conviennent toujours pas aux syndicats. La grève des blocs opératoires est d’ores et déjà reconduite jusqu’à mercredi, date de la prochaine assemblée générale (1). Par ailleurs, un appel a été conjointement lancé par la CGT, Sud Santé et le Snia « pour s’associer massivement à la journée nationale de mobilisation interprofessionnelle de mardi 12 octobre ».
Rémi Vaugeois
1- Même si le Snia n’a pas reconduit son préavis de grève (lire ici), ceux de la CGT et de Sud restent d’actualité.
Guerre des chiffres. Tandis que les syndicats évoquent plus de 80% de gréviste dans de nombreux établissement, le ministère de la Santé avance des chiffres nettement inférieurs sur le plan national. D’après le service de presse, 27,68% pour le 1er octobre contre 14,17% le 8. Selon l’AFP (lire ici), « des difficultés à assurer [le] service minimum ont été cependant constatées dans certains hôpitaux parisiens ».
Bourde du ministère. Mercredi 6 octobre, une bévue a provoqué l’agacement des infirmiers anesthésistes. Vers 16h30, un communiqué de presse rendant compte de la réunion avec les syndicats était publié… Alors que celle-ci qui venait seulement de commencer.
Plainte déposée. Après avoir été interpellé sans ménagement et vu sa caméra détruite par les forces de l’ordre lors des incidents du 1er octobre, Stéphane Puccini, notre confrère du site www.actusoins.com, a déposé plainte le 6 octobre. Cette plainte se fonde sur les chefs de destruction d’un bien appartenant à autrui et entrave à l’exercice des libertés d’expression et du travail.