LA HAS promeut le dépistage organisé du cancer du sein

08/02/2012

LA HAS promeut le dépistage organisé du cancer du sein

Sans aller jusqu'à recommander le déremboursement du dépistage individuel du cancer du sein, la HAS entend inciter les femmes à s’orienter vers le dépistage organisé.

Depuis 2004, la France a mis en place un dépistage organisé du cancer du sein, pour toutes les femmes de 50 à 74 ans invitées, tous les deux ans, à pratiquer une mammographie. Mais huit ans plus tard, seule la moitié des 4,3 millions de femmes concernées y ont participé (52 %), sachant que parallèlement, 10 % de femmes de cette tranche d’âge ont eu recours au dépistage individuel. « Malgré une nette augmentation au fil des années, la participation au dépistage organisé reste donc inférieure à l’objectif de 85 % de femmes dépistées, et elle varie beaucoup selon les départements », a commenté le président de la HAS, Jean-Luc Harousseau, en présentant, jeudi dernier, les nouvelles recommandations de la HAS en la matière.

La HAS évacue les polémiques sur la pertinence du dépistage…
D'emblée Jean-Luc Harousseau a précisé que « l'objet du travail de la HAS n'était pas de rediscuter les indications du dépistage, même si le sujet qui peut faire débat, voire même polémique en raison du risque de surdiagnostic et de surtraitement, et du risque lié aux irradiations répétées, sur lequel certains chercheurs se sont penchés récemment. » « Nous en avons tenu compte », a-t-il précisé, avant de déclarer « qu’aujourd’hui, il n'y avait pas de signal permettant de remettre en cause le rapport bénéfices/risques pour les femmes de 50 à 74 ans. » Présente à ses côtés, la présidente de l'Institut national du  cancer (Inca), Agnès Buzyn, a opiné, et rappelé que cette « pathologie reste un fléau », la première cause de décès chez la femme, avec 53 000 nouveaux cas estimés en 2012 et 11 000 décès par an.

… et prône le dépistage organisé
Les conclusions du rapport de la HAS « sont que le dépistage organisé est supérieur au dépistage individuel, en termes de qualité et de sécurité pour les femmes », a martelé Jean-Luc Harousseau. Pourquoi ? Parce qu’il « offre des garanties supplémentaires », a précisé la présidente de la Commission évaluation économique et de santé publique de la HAS, Lise Rochaix, notamment « la double lecture des mammographies, systématique en cas de dépistage organisé, qui permet de dépister 9 % des cancers, soit environ 1 300 cas chaque année. » Lise Rochaix a également mis en avant la formation continue des radiologues (et des manipulateurs radio) engagés dans le programme de dépistage organisé, et le suivi des résultats. L'intérêt du dépistage organisé est aussi économique, a-t-elle rajouté, « d'une part pour les femmes (les mammographies étant prises en charge à 100 % dans le cadre du dépistage organisé), et d'autre part, pour la collectivité – selon les études de la HAS, le passage des 10 % de femmes du dépistage individuel au dépistage organisé se traduirait en effet par une réduction nette des coûts de trois millions d'euros. »
Pour autant, la HAS n'a « pas choisi le déremboursement brutal » des dépistages individuels, a déclaré Jean-Luc Harousseau. Cette solution pourrait être envisagée « plus tard », a-t-il ajouté, mais, pas aujourd’hui, car il y aurait « un risque de perte d’efficacité, les femmes engagées dans le dépistage individuel risquant sinon de ne pas se faire dépister du tout. »

Sensibilisation des professionnels de santé
Pour le moment, la HAS entend donc promouvoir le dépistage organisé en changeant son image, notamment en personnalisant l’invitation au dépistage, a expliqué Stéphanie Barré, chef de projet évaluation économique et de santé publique à la HAS, signalant que « près de 50 % des femmes se faisant dépister dans le cadre d’un dépistage individuel croient le faire dans le cadre du dépistage organisé. » Autre levier d’action mis en avant par la HAS : une meilleure information des professionnels de santé - gynécologues, médecins traitants et radiologues en premier lieu - afin de mieux les impliquer dans le programme de dépistage organisé. Pour cela, la HAS préconise des formations supplémentaires, et une association plus étroite des professionnels à l'évaluation et à l'organisation du dépistage. Les radiologues participant peu au programme de dépistage organisé pourraient par exemple recevoir des rappels ciblés. Et la HAS recommande aussi que les résultats des mammographies soient (après accord de la patiente) systématiquement transmis au médecin traitant et au gynécologue.

Emmanuelle Debelleix
Photo : © detailblick - Fotolia.com





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