12/05/2009

La Journée internationale des infirmières passe incognito en France

Sur plus de 450.000 infirmières en France, combien savent que c’est aujourd’hui mardi 12 mai LEUR journée, la Journée internationale des infirmières ?
Chaque année, le Conseil international des infirmières (http://www.icn.ch/french.htm) commémore cette date, jour anniversaire de la naissance de Florence Nightingale. De nationalité britannique, Florence Nightingale (1820-1910), surnommée La dame à la lampe, fut une pionnière des soins infirmiers modernes qui reçut l'Ordre du mérite et la Royal Red Cross. Tous les ans, le CII détermine un thème différent pour la Journée internationale des infirmières. Celui de cette année, «Servir la collectivité et garantir la qualité: les infirmières s'engagent pour des soins innovants», se décline dans un dossier (http://www.icn.ch/indkit2009f.pdf) d’une quarantaine de pages, à destination des infirmières et téléchargeable gratuitement sur le site Internet du CII.

Peu d'écho pour cet évènement                                                                                         

Mais force est de constater que ce n’est pas en France que cet événement rencontre le plus d’écho. Il n’est qu’à surfer sur les sites du ministère de la Santé, des syndicats infirmiers et autres organisations de soignants pour s’apercevoir que la plupart n’en font tout simplement pas mention ou alors des plus discrètes. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait figure d’exception : les trois titres de son webzine (http://www.aphp.fr/) mis en exergue ce mardi mettent en avant le rôle des infirmières dans différentes disciplines médicales (Infirmière coordinatrice des soins au Centre des maladies du sein de l’hôpital Saint-Louis, infirmière chargée de l’éducation thérapeutique de patients VIH+ à La Pitié-Salpêtrière et infirmière d’accueil et d’orientation dans un service d’urgences). Il faut dire qu’avec plus de 18.000 IDE dont 1.600 infirmières spécialisées, sans oublier les étudiants de 17 Ifsi et trois écoles spécialisées (Ibode, Iade et puéricultrice) implantés en son sein, l’AP-HP constitue le plus gros employeur d’infirmières du pays.

Infirmières invisibles
Mais cette remarquable exception ne saurait masquer la déprimante règle générale : les infirmières, pourtant unanimement reconnues comme étant indispensables à la bonne marche du système de soins et toujours plébiscitées dans les enquêtes d’opinion, sont invisibles. Et pourtant, s’il y a bien une année où l’occasion de la Journée internationale aurait pu être saisie pour porter la voix des infirmières, c’est bien 2009. L’année de la mise en place de l’ordre des infirmiers de France, l’un des derniers à naître en Europe, une trentaine d’années après l’ordre espagnol pour ne citer que cet exemple. L’année aussi d’une réforme capitale de la formation infirmière puisqu’en septembre prochain, les étudiants en première année de soins infirmiers s’engageront dans un nouveau cursus intitulé «licence». Pour l’heure, seul le grade licence est acquis, au grand dam de la plupart des organisations représentatives de la profession. Le flou le plus complet plane encore sur la possibilité de poursuivre des études vers des master et doctorat en sciences infirmières. Même l’eurocompatibilité et l’euroconvertibilité des 180 crédits de la nouvelle licence en soins infirmiers ne sont pas actées, a déploré le conseil national de l’ordre infirmier dans un récent communiqué. Bref, autant dire qu’en l’état, l’universitarisation des études infirmières en France n’est que de façade, quand tant d’autres pays européens sont avec succès sur cette voie depuis des années déjà.

Revalorisations statutaires et salariales ?
Tandis que le président de la République s’est engagé en début d’année à revaloriser le statut des infirmières, celles-ci auraient pu profiter du 12 mai pour manifester leur détermination à obtenir les revalorisations salariales qui devraient logiquement en découler. Ou encore témoigner de leur vigilance quant au contenu du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires, que le Sénat examine ces jours-ci dans le cadre d’une procédure d’urgence et dont la ministre de la Santé a affirmé sans rougir que ce texte était fait «pour les médecins» (1).

Tout cela est dommage, certes, mais pas inéluctable. Pour se donner du baume au cœur, les infirmières françaises peuvent aller voir ce qui se fait ailleurs, là où les professions paramédicales sont mieux reconnues qu’en France parce que mieux organisées. Nous ne citerons qu’un exemple, celui du Québec où, pour la 16e année consécutive, la Journée est devenue Semaine des infirmières. «Si vous croisez une infirmière d’ici au 16 mai prochain, n’importe où au Québec, souhaitez-lui une bonne Semaine ! Elle vous en sera reconnaissante», peut-on lire sur le site de l’ordre des infirmiers et infirmières du Québec (http://www.oiiq.org/publications/communiques.asp?no=240).
Cécile Almendros

(1) «Cette loi est faite pour les médecins», a déclaré Roselyne Bachelot dans une interview accordée au Quotidien du médecin et publiée le 24 avril 2009.

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