Selon les derniers chiffres du 3977, numéro d’écoute national dédié à la maltraitance des personnes âgées et handicapées, les cas de maltraitance ont beaucoup plus souvent lieu au domicile qu’en institution. La suite donnée aux signalements demeure incertaine.
Ouvert de 9 à 19 heures, le numéro 3977 est accessible sur tout le territoire français, y compris en outre-mer. Mais, sa notoriété reste insuffisante, au grand dam de la conférédation Alma-Habeo, qui gère le dispositif. Le colloque national bientraitance, organisé à Evry (Essonne) le mardi 17 septembre, a été l’occasion d’en dresser un bilan, cinq ans après sa création.
100 appels quotidiens
Entre 2008 et fin 2012, le service a répondu à près de 88 000 appels, avec une moyenne de 100 appels quotidiens. Près de 80 % d’entre eux évoquent une suspicion de maltraitance au domicile ; 20 % concernent des établissements de santé ou médico-sociaux – des Ehpad dans 77 % des cas. La vie en institution serait-elle donc plutôt épargnée ? Ces chiffres restent à pondérer, du fait que la grande majorité (90 %) des personnes âgées vivent au domicile… « Sur 100 appels, environ 20 sont le fait de victimes, et 80 de témoins d’actes de maltraitance. Parmi ces derniers, 60 % sont des professionnels », ajoute Bernard Duportet, président d’Habeo.
Concernant la nature des cas signalés, au domicile, les maltraitances psychologiques sont en première ligne, suivies des abus financiers et des violences physiques. En institution, sont avant tout citées les négligences passives ou actives, la privation de citoyenneté (atteintes au droit de circuler, aux droits civiques…), puis les maltraitances médicales et psychologiques.
Crainte de représailles
Quel sort est réservé aux appels ? Une bonne part d’entre eux ne donne pas lieu à l’ouverture d’un dossier, soit parce que la maltraitance n’est pas avérée, soit parce que l’appelant craint de subir des représailles ou d’être pris pour un délateur. Ceci est d’autant plus vrai pour les professionnels qui appellent au titre de témoin…
4 500 dossiers sont ouverts et traités chaque année - soit 39 % du total des appels. Dans ce cas, les correspondants du 3977 désignés dans chaque département prennent le relais. « Mais dans les faits, le traitement n’aboutit pas toujours, car certaines institutions locales tardent à répondre à nos sollicitations », regrette Robert Moulias, président d’Alma. Aussi, la confédération souhaite-t-elle la création de cellules départementales associant le conseil général, le Parquet et les associations locales.
Nathalie Da Cruz