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Longtemps cachée, la ménopause, aussi naturelle soit-elle, fait enfin parler d’elle. Le 18 octobre, journée mondiale de la ménopause, sera l’occasion de sensibiliser à cette thématique et à son impact sur la santé des femmes. En même temps que la parole se libère, les besoins des femmes s’affirment pour vivre cette période le plus sereinement possible.
Chaque année, un demi-million de femmes franchissent le cap de la ménopause : cap, car il définit une période de la vie des femmes qui fut longtemps un sujet dont personne n’osait parler.
Ainsi, il y a encore un an, dans le cadre d’une table ronde sur la santé sexuelle et travail organisée au Sénat, le Dr Brigitte Letombe, gynécologue et membre du bureau du Groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal relatait : « on parle aujourd'hui facilement d'endométriose, de règles ou d'infertilité, mais le dernier des tabous féminins, c'est la ménopause. Il faut bien avouer que celle-ci, tout à fait physiologique, qui survient vers 51 ans, s'avère être une inégalité majeure entre les femmes et les hommes ».
Face à une espérance de vie des femmes qui augmente, cette période de la ménopause est amenée à devenir plus longue : un grand nombre de femmes passera ainsi autant de temps dans sa période fertile que dans sa période postménopause.
Pour autant, jusqu’à présent, cette période était encore trop perçue péjorativement : « quand j’ai commencé à ressentir les premiers symptômes de la ménopause, j’ai cherché à m’informer sur le sujet et ce que je trouvais sur le Web était soit trop clinique, soit trop pessimiste, explique Sophie Kune, activiste de la ménopause. À la lecture de ce que je découvrais, j’ai eu l’impression que j’allais entrer dans le troisième âge, mais je ne m’y reconnaissais pas du tout », déclare-t-elle. Elle publie donc un livre Game is not ovaire (éd. Marabout), crée un compte Instagram (@menopause.stories) et choisit de s’impliquer activement auprès des femmes pour les accompagner à mieux vivre cette nouvelle période de leur vie : « les femmes vivent toujours cette phase de la même manière, elles sont paumées. Elles font face à un manque de ressources, d’informations, lié à la désertification médicale, et quand il y a des gynécologues, ils ne sont pas forcément formés à cette période particulière de la vie des femmes ».
INFORMER DAVANTAGE LES FEMMES
Les choses évoluent : en mai dernier, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, dans l’hebdomadaire féminin ELLE, le lancement d’une mission parlementaire sur le sujet, confiée à la Pr Florence Trémollières, gynécologue et responsable du centre ménopause au CHU de Toulouse. L’objectif est de dresser un état des lieux de la prise en charge de la ménopause et des difficultés rencontrées par les femmes en termes d’information et de suivi.
D’après l’étude Elisa (2022), 44 % des femmes n’ont jamais évoqué les symptômes de leur ménopause avec un professionnel de santé alors que 25 % d’entre elles estiment que cela impacte sérieusement leur qualité de vie et 6 % d’entre elles prennent un traitement hormonal de substitution. Fin juin, le centre Sorella dédié à la santé des femmes (Issy-les-Moulineaux, 92) a ouvert le premier parcours spécifique à la ménopause en médecine de ville : « ce n’est pas une maladie, mais une séquence de vie incontournable chez la femme ; nous y voyons une opportunité pour parler de la santé globale de la femme, explique le Dr Alix Roquette, gynécologue et directrice médicale ; la ménopause impacte une trentaine de fonctions physiologiques, c’est le bon moment pour un check-up de la santé cardio-vasculaire, métabolique, mais aussi de parler de l’ostéoporose ou encore de la santé mentale et sexuelle. L’objectif est de vivre la trentaine d’années postménopause sans pathologie invalidante » conclut la directrice médicale.
International Menopause Society et journée mondiale dédiée
Anne-Lise Favier